Alors que la Cour pénale spéciale appelle à l’extradition de François Bozizé, recherché pour crimes contre l’humanité, la Guinée-Bissau n’envisage pas d’extrader l’ancien président centrafricain en exil dans le pays. Les autorités bissau-guinéennes rappellent qu’aucune loi nationale n’autorise une telle démarche.
« Aucune loi bissau-guinéenne ne prévoit l’extradition », c’est l’argument avancé par le président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo dans un entretien accordé à l’agence portugaise Lusa. Depuis le Cap-Vert où il assiste à la célébration de liberté entre les deux pays, le président bissau-guinéen s’est dit « surpris » du document de la Cour pénale spéciale et qu’il envisage d’appeler son homologue centrafricain pour plus d’informations.
« Il est en exil comme nous l’avons été »
«Depuis qu’il est arrivé en Guinée-Bissau, François Bozizé n’a créé aucun problème. Il est en exil comme nous l’avons été par le passé », a expliqué Umaro Sissoco Embaló. Le Chef de l’Etat de la République de Guinée-Bissau rappelle que la présence de François Bozizé en terre guinéenne est le vœu de l’Union Africaine et des chefs d’Etat de l’Afrique centrale et qu’il avait accepté pour des « raisons humanitaires ». M. Embalo de poursuivre que le séjour de l’ex-président centrafricain sur le sol guinéen avait tout d’un « bon citoyen ». « On le voit aller à la messe à la cathédrale le dimanche », explique-t-il à l’agence Lusa.
Soupçonné de crimes contre l’humanité
L’ancien président centrafricain François Bozizé Yangouvonda a régné de 2003 à 2013 sur la République centrafricaine. Arrivé au pouvoir par les armes après avoir renversé Ange Félix Patassé, il a été lui-même renversé par un coup d’Etat 10 ans plus tard. La Cour pénale spéciale le soupçonne de crime contre l’humanité dont il se serait rendu responsable entre 2009 et 2013. Il lui est reproché les actes de sa garde et autres services des forces de défense et de sécurité intérieure dans la prison civile et au centre d’instruction militaire de la ville de Bossembélé, au Nord-ouest de Bangui. En vue de l’entendre, la cour sollicite la collaboration des Etats et d’Interpol pour son interpellation, son arrestation, sa détention provisoire et son extradition à Bangui.
En exil depuis décembre 2020 après le rejet de sa candidature à l’élection présidentielle par la Cour constitutionnelle et la création de son mouvement armé, la Coalition des patriotes pour le changement, François Bozizé vit depuis mars 2023 en Guinée-Bissau.
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