La justice a ordonné, ce 30 mai, la destruction d’une vingtaine de maisons au village Samba, à 15 km de Bangui sur la route de Mbaïki. Ces maisons avaient été construites sur une parcelle litigieuse. Après plusieurs audiences contradictoires, les juges ont arrêté depuis le 12 décembre dernier que le terrain appartient à l’église Source de vie de la mission Rhema et ont ordonné la démolition de ces maisons.
L’opération de démolition a eu lieu sur un terrain de 23 hectares appartenant à l’église Source de vie de la Mission Rhema. Au total, une vingtaine de maisons ont été détruites. Une décision qui n’est pas du goût de leurs propriétaires.
« On ne m’a même pas convoqué »
« C’est depuis 2015 que j’ai acheté ce terrain en collaboration avec le chef du village. Le pasteur Balezou n’était pas encore là lorsque je l’ai payé. Mais s’il a payé le terrain, il devait quand même nous appeler pour un arrangement avant de réagir ainsi. On ne m’a même pas convoqué au tribunal pour trancher une affaire », soupire Collette, une occupante.
Assistant à la démolition de sa maison en finition, Freddy déplore le fait qu’il n’ait reçu aucune notification de la part des juges. « J’ai acheté mon terrain depuis 2018. Et c’est en 2022 que j’ai commencé à construire dessus. M. Belezou était bien là lorsque j’avais commencé à construire. Pourquoi il ne m’avait pas interpellé pour me dire d’arrêter. Lui et moi ne sommes jamais allés devant les juges. Et je n’ai reçu aucune notification de la justice. Mais subitement, il est venu détruire ma maison », regrette Freddy.
La parcelle querellée possède le titre foncier N° 12587, affecté par le ministère de l’Urbanisme, le 13 juin 2022 à l’église Mission Rhema. Or, selon l’administration de l’église, ces occupants ont reçu à plusieurs reprises des avertissements. Cependant, ces derniers n’ont jamais voulu décamper.
« Ils avaient été avisés »
« Ces compatriotes savaient bien que ce terrain appartient à l’église. L’église l’a officiellement acheté devant l’Etat. Tout le monde le sait car nous avons tous les papiers. Mais, ils ont été trompés par des gens de mauvaise foi. Ils ne peuvent pas aujourd’hui se rebeller contre nous puisqu’ils avaient été avisés », affirme Lucienne Baka, administratrice principale de la mission Rhema.
Pour l’huissier de justice, Jean Paul Togo, l’exécution d’une décision de justice s’impose à tous.
Les affaires foncières constituent de plus en plus le lot des problèmes traités par la justice centrafricaine. En 2021, elles avaient représenté 56% des affaires gérées par les tribunaux.
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