Environnement : le tarissement des eaux impacte la production de l’électricité au barrage de Boali
Vue d'un affluent des lacs Mbali dans la périphérie de Boali en juillet 2024. Photo : RNL/Bonaventure Ngomba-Katikkiiro.

Environnement : le tarissement des eaux impacte la production de l’électricité au barrage de Boali

La direction générale de l’Energie centrafricaine (Enerca) alerte sur les effets du changement climatique sur la production hydroélectrique à Boali dans l’Ombella-Mpoko. Selon les responsables de l’Enerca, le tarissement des lacs Mbali réduit la capacité de la centrale de Boali 3, perturbant ainsi l’approvisionnement en électricité à la population de Bangui et ses environs.

Selon les premiers constats, tous les lacs à proximité des villages Boyali, Gbamian et de la ville de Boali qui fournissaient des eaux en quantité suffisante au site de production de Boali 3, ont tous tari. Dans les lits de ces lacs, il n’y a que des bois secs enfuis dans la boue et dans des flaques d’eau, visiblement menacées de disparition. D’où, l’inquiétude des responsables de cette société d’Etat. « La situation est assez difficile. Le système hydroélectrique de l’Enerca est composé de plusieurs ouvrages, dont l’ouvrage principal est le site de retenue de Boali 3. Cette retenue nous sert à conserver les eaux durant la saison de pluies pour les utiliser après. Ce, afin de garantir la production hydroélectrique pour nos usines qui se situent en aval », a indiqué Thierry Patient Bendima, directeur général de l’Enerca qui pressent malheureusement que cette baisse du niveau des eaux impactera la production hydroélectrique. « Malheureusement dans le cadre du changement climatique, nous avons constaté que le niveau des lacs a drastiquement baissé. Cela est dû aussi au retard dans la pluviométrie. Ça aura certainement une incidence sur la production hydroélectrique. On est obligés d’ouvrir une vanne pour lâcher l’eau. Ce qui perturberait la fourniture en électricité à Bangui », a renchéri Thierry Patient Bendima.

Une première depuis 1983

Entre 1983 et 1984, la République centrafricaine avait connu une rude saison sèche, provoquant le tarissement des eaux qui alimentaient l’usine hydroélectrique de Boali. Cette situation avait poussé le gouvernement à construire au début des années 90, le mécanisme de collecte et de stockage d’eau pendant la saison des pluies afin de servir pendant la saison sèche. Depuis lors, le ravitaillement de l’usine de Boali en eau n’avait pas été perturbée comme l’est cette année.

 Au barrage hydroélectrique de Boali 3, le constat est inquiétant. Là, le niveau des eaux est en dessous des limites normales. La crainte augmente chez Bienvenu Moni-Beya, directeur de production et de transport à l’Enerca : « 572, c’est la limite pour avoir la garantie de 250 millions de m3 d’eau en réserve. Le surplus qui vient, c’est ce qu’on utilise pendant la saison pluvieuse. En durant la saison sèche, il n’y a plus de déversement. On utilise ces robinets-là en fonction de la demande à Boali 2. A Boali 2, il nous faut 36 m3/seconde pour garantir les 20 mégawatts », a expliqué le technicien.

Même si logiquement on est en saison pluvieuse, les pluies sont rares et sectorielles. Le gouvernement doit-il croiser les bras face à ce phénomène, même s’il résulte des conséquences du changement climatique ? Difficile de parler d’une solution efficace en cours, car le gouvernement n’a pas encore réagi à cette alerte de l’Energie centrafricaine.

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