Les produits forestiers non ligneux ou ramassés dans la forêt et très prisés par la population centrafricaine, n’échappent pas aux conséquences du dérèglement climatique. C’est l’exemple des chenilles, qui apparaissent généralement entre fin mai et début juin. Cette année, elles sont apparues en juillet, mais en quantité insuffisante. Ce décalage inquiète consommateurs et vendeurs qui accusent les sociétés forestières d’en être à l’origine.
Au marché de Bimbo, à la sortie Sud-ouest de Bangui, femmes et hommes s’activent dans la vente des chenilles, tout en appelant les clients. Etalées de part et d’autre le long de la voie, ces espèces très prisées des Centrafricains sont apparues durant ce mois de juillet.Cependant cette année, le marché des chenilles se distingue nettement de celui de l’année dernière. A en croire les consommateurs, la quantité mise en vente est insignifiante. D’où l’on déplore le prix.
« Ils vont loin pour s’approvisionner »
« Cette année, les chenilles sont apparues en retard et en quantité insuffisante. Les vendeurs se plaignent parce qu’ils vont loin pour s’approvisionner. On a aussi coupé un grand nombre d’arbres qui produisent ces chenilles. Plus les vendeurs parcourent de longues distances, plus le prix du transport augmente. Voilà pourquoi ils les vendent chères », déplore Edith, une femme au foyer.
De leur côté, les vendeurs avancent quelques raisons. « Il n’y a plus de chenilles dans nos forêts. Auparavant, on se levait à 5 voire 6 heures du matin pour aller à la campagne. Même en faisant un tour derrière la maison, on ramenait des chenilles. Mais aujourd’hui, ce n’est plus possible ; parce que les gens ont détruit beaucoup d’arbres. La quantité baisse au fur et à mesure. S’il pleut 4 ou 5 fois, les chenilles vont disparaitre » explique Prince, un habitant de Salanga à 35km au sud-ouest de Bangui.
Les ramasseurs et vendeurs pointent du doigt la déforestation, les experts les suivent et attirent l’attention sur le comportement de l’Homme.
« C’est le résultat de nos actions »
« La modification de ce calendrier est due aux faits de ce changement climatique. Les effets sont là. C’est le résultat de tout ce que nous faisons comme mauvaise pratique. Ainsi, on doit y réfléchir pour communiquer sur les bonnes pratiques en terme d’atténuation et d’adaptation », indique Alfred Sepamio, directeur des forêts au ministères des Eaux et Forêts.
Pour minimiser ce problème, l’Institut centrafricain de recherche agronomique (ICRA) a mis en place une solution d’adaptation, à travers le reboisement des zones dévastées.
« Nous sommes, d’abord, en train de sensibiliser les communautés. Parce que, eux aussi détruisent. Et en premier lieu, ils choisissent les essences hôtes des chenilles, notamment les ayous. L’année dernière, on a reboisé 70 hectares. Cette année, avec le concours des communautés, on est entrain de planter des arbres sur 100 hectares », indique Thomas Célestin Mengui-Togny directeur de gestion durable de ressources naturelles à l’ICRA.
Pour réduire l’impact du dérèglement climatique et garantir l’apparition des produits de cueillettes périodiques, il est important d’encourager la population à adopter des comportements responsables et utiliser de manière rationnelles les ressources naturelles.
-A écouter aussi : La domestication des arbres à chenilles au menu du magazine agropastoral