Leurs corps avaient été enterrés pendant la crise sécuritaire de 2013-2014, dans l’enceinte de l’église évangélique des Frères de Boulata dans le 3ème arrondissement de Bangui. Sur demande de leurs parents, le gouvernement a lancé, ce 28 août, l’exhumation d’une centaine de corps identifiés. L’opération a un double objectif : honorer dignement la mémoire de ces victimes de conflits et rendre l’église à ses fidèles.
Au total, 110 corps vont être exhumés sur le site de l’église évangélique des Frères de Boulata. Ces restes appartiennent à des victimes voire des personnes décédées lors des crises militaro-politiques qui ont secoué la République centrafricaine depuis 2013. L’opération a débuté mercredi, avec l’exhumation d’une dizaine de corps qui sont finalement remis en terre au cimetière musulman, dans la commune de Bimbo 3. Pour les représentants de la communauté musulmane qui appuient aussi cette initiative du gouvernement, cette opération démontre la volonté des Centrafricains à revivre ensemble.
« Le rêve est devenu réalité »
« C’était prévu depuis des année. Sauf que ça n’a pas marché. Aujourd’hui, le rêve est devenu réalité. L’Islam, c’est une religion de paix. C’est bien dit dans le Coran. Et cette paix est pour tout le monde », s’est réjouiAhamat Déléris, président du Conseil supérieur islamique de Centrafrique.
Durant la crise sécuritaire, des dizaines de corps ont été enterrés dans la concession de cette église protestante, faute d’accès au cimetière musulman situé derrière l’aéroport de Bangui. Déterrer ces restes et les ré-inhumer dans la dignité, est un acte fort de cohésion sociale, selon les associations des victimes.
« J’ai quitté le quartier en 2013. Mais lorsqu’on se croisait avec nos frères musulmans, avec qui on vivait ensemble, c’était des accolades. C’est pourquoi j’implore toutes les communautés à vivre en paix et à renforcer la cohésion sociale en République centrafricaine », a appeléBertin Boto, secrétaire général de la Plateforme des associations des victimes, un retourné de la localité.
Une opération saluée par le voisinage, même si elle réveille un peu la douleur.
« Nous avons enterré notre père ici »
« Nous avons enterré notre père ici. Même si on ne l’a jamais oublié, on ne sentait pas la douleur depuis un certain temps comme on l’a sentie aujourd’hui. C’est cette opération nous attriste aujourd’hui, mais c’est important qu’elle se fasse. Cela permettra aux gens de venir prier dans cette église, comme auparavant. Et nous, on sait désormais où repose notre père », s’est émue Charline, une riveraine des lieux.
Pour le gouvernement en quête de paix, ce n’est qu’un début. « Il est important que le pays retrouve la paix. Et c’est dans cette dynamique que nous nous retrouvons ici pour l’exhumation des restes de ces frères et sœurs. Aujourd’hui, c’est le coup d’envoi de ces opérations « a affirmé Lina Josiane Bemakassoui, ministre de l’Action humanitaire, de la Solidarité et de la Réconciliation nationale.
Débutée ce mercredi, l’opération va se poursuivre jusqu’à l’exhumation de tous les 110 corps identifiés. L’espace sera ensuite désinfecté avant sa remise à la communauté des Eglises évangéliques des Frères. Alors que la même opération est prévue sur toute l’étendue du territoire national, la question des victimes inhumées dans de fosses communes reste posée.
Lire aussi : Que faire pour les victimes des crises en Centrafrique ?