Bangui vit depuis plusieurs jours dans la tourmente. Des rumeurs de disparition de pénis créent la psychose et des troubles à l’ordre public dans plusieurs arrondissements de la capitale. Plusieurs personnes sont accusées à tort d’être responsables de ce phénomène qui continue d’alimenter les débats et la curiosité des badauds devant les commissariats à Bangui. S’agit-il d’un fait réel ou de simples rumeurs ? Radio Ndeke Luka s’est penchée sur cette affaire.
D’après nos investigations, il s’agit de fausses informations, notamment d’une rumeur qui a vite gagné la capitale centrafricaine. Elle a débuté l’année dernière à Ndélé dans le Bamingui-Bangoran, puis en juillet dernier à Bambari dans la Ouaka avant d’atteindre Bangui.
Selon les faits rapportés, plusieurs personnes auraient perdu leur appareil génital, notamment leur pénis, après avoir salué un passant. Ces témoignages ont fait le tour de la ville et continuent de paniquer la population. Après des passages au commissariat du 8e arrondissement de Bangui, au quartier Gobongo, à Boy-rabe ou encore au quartier Foûh, partout où les gens se sont mobilisés pour cette histoire, aucune preuve de disparition de pénis n’a été présentée. Les prétendues victimes affirment à chaque fois qu’elles ont retrouvé leur pénis alors que personne n’avait pu voir la disparition avant le rétablissement. Plusieurs personnes innocentes ont été violentées et soumises à la vindicte populaire pour vol de sexe alors qu’aucune preuve des faits qu’ils leurs sont reprochés n’est établie.
Radio Ndeke Luka a été chez un pasteur au quartier Boy-rabe qui aurait prié pour une dizaine de victimes. Mais la preuve que ce dernier a présentée est une image d’un homme avec un pénis de petite taille. Cette image qui circule sur les réseaux sociaux a été prise depuis plus de 4 ans. Tout cela pour dire qu’il s’agit de manipulation.
Aucun centre hospitalier n’a enregistré un cas similaire
De passage dans des formations sanitaires, aucune victime n’a été enregistrée dans un hôpital ou dans une structure sanitaire quelconque de la capitale. Interrogé, le professeur Richard Ngbalé, Gynécologue obstétricien à l’Hôpital communautaire de Bangui, il qualifie cela de manipulation.
« C’est carrément de rumeurs. Des rumeurs parce que jusqu’au moment où je vous parle nous n’avions pas reçu qui ont perdu leur sexe. Le procureur de la République nous a fait parvenir une note pour demander notre expertise à propos de cette affaire, j’ai eu la chance de voir et poser la question à ces soit disant entre guillemets « victimes », ils n’ont pas perdu leur sexe. Mais il y a des gens qui ont de malformations au niveau de sexe et ils peuvent vivre normalement et ça n’impacte pas leur vie », répond le Médecin.
A Bambari où cette rumeur a refait surface cette année pour la première fois après Ndélé l’année dernière, 4 jeunes de la localité avaient accusé un homme d’avoir fait disparaître leurs pénis. Conduits à la gendarmerie puis à l’hôpital, le médecin-chef du district sanitaire de Bambari a établi la semaine dernière un rapport médical après consultation de leurs parties génitales : « l’examen macroscopique réalisé note que toutes les 4 personnes examinées ont leurs pénis en place et aucune personne ne présente d’anomalie morphologique de pénis visible », conclut le rapport médical.
Le parquet de Bangui met en garde
Le gouvernement se dit préoccupé et projette de communiquer dans les heures qui suivent. Cependant les agressions contre des personnes soupçonnées se multiplient dans la ville mais sans aucune mesure de répression. Selon le parquet de Bangui, les responsables d’agressions des personnes accusées à tort sont poursuivables pour coups et blessures volontaires et risquent des peines de prison.
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