Mieux vaut tard que jamais. Le Front pour l’Annulation et la Reprise des Elections de 2011 (FARE-2011) vient d’exiger ce 9 février la libération pure et simple de Ferdinand Samba, directeur de publication du journal « Le Démocrate ».
Cette réaction intervient plus de 2 semaines après que le Tribunal de Grande Instance de Bangui ait condamné ce dernier à dix mois d’emprisonnement ferme, à un million de francs CFA (environ 1538 euros) d’amende, à dix millions de francs CFA (environ 15384 euros) de dommage-intérêts et la fermeture de son journal pour une durée d’un an.
Une condamnation dans la plainte en diffamation intentée contre lui par le Colonel Sylvain Ndoutingaï, ministre d’Etat aux Finances et au Budget pour des articles de presse jugés offensants en vers sa personne.
Dans un communiqué de presse diffusé sur les ondes de Radio Ndeke Luka, Jean-Edouard Koyambounou, porte parole du FARE-2011, indique que « cette décision de justice tirée par les cheveux et rendue en dépit de l’Ordonnance N° 05.002 du 22 Février 2005 relative à la liberté de la communication en République Centrafricaine, traduit s’il en était encore besoin, les « ressorts profonds » sur lequels fonctionne le régime en place dans notre pays. Ce texte qui a supprimé les peines privatives de liberté en matière de diffamation ne prévoit aucune disposition relative à la fermeture d’un organe de presse ».
Pour lui, « la dépénalisation du délit de presse veut dire dans l’esprit de la Loi que, le journaliste dans le cadre de l’exercice de son métier doit se prononcer. On ne peut pas lui infliger un emprisonnement ferme. Nous demandons au gouvernement de faire amende honorable. Car, l’erreur est humaine, que le gouvernement se rende compte qu’il s’est trompé et qu’il revient sur sa décision pour libérer Samba au nom d’un Etat de droit ».
« La liste de ces violations est longue et les méthodes utilisées pour « museler » la presse privée indépendante et « bâillonner » tout un peuple sont très éloquentes : L’arrestation et la condamnation hier et avant-hier des journalistes Maka Gbossokoto, Michel Alkaly Ngadi, Cyrus Emmanuel Sandy et Faustin Bambou, qui continuent aujourd’hui avec ceux de Ferdinand SAMBA et de Patrick Agoundou, l’instrumentalisation quotidienne des médias publics, en allusion au concours d’injures publiques quotidiennement organisé en langue Sango (langue nationale) sur la radio Nationale contre tous ceux et toutes celles qui, centrafricains ou étrangers, ont le malheur de ne pas penser comme François Bozizé », poursuit le communiqué.
Sur cette question, le communiqué précise que « le Haut Conseil de la Communication censée réguler le secteur de la communication et promouvoir son développement tout en sauvegardant la pluralité des opinions a démonté à plusieurs reprises son impuissance face aux pratiques décriées plus haut. Aussi, le ministre de la Communication, lui-même impuissant devant cette situation de monolithisme et de terrorisme de l’information publique, perpétuant et appliquant le mot d’ordre du pouvoir d’interdiction de l’accès des partis politiques de l’opposition aux médias d’Etat ».
Ce communiqué interpelle « la justice centrafricaine pour qu’elle continue, malgré les pressions politiques notoires, à s’opposer au retour de la loi de la jungle, et à imposer la force du droit au droit de la force, appelle le Haut Conseil de la Communication au respect scrupuleux de sa mission institutionnelle, de préserver sa neutralité et d’œuvrer avec courage pour préserver la liberté de la presse en RCA, demande au Ministre en charge de la Communication de faire appliquer les textes relatifs à l’accès des partis politiques aux médias d’Etat, car la voix et l’image de la RCA qu’il souhaite « mettre sur satellite » ne doivent pas uniquement être ceux d’une personne ou d’un groupe de personnes ».