À Ndélé, dans le Bamingui-Bangoran, la flambée du prix de la viande de bœuf, autrefois accessible à la plupart des ménages, est devenue une source majeure de préoccupation. Le coût du kilogramme est passé de 1 000 francs à 1 500 francs CFA. Une augmentation que les habitants attribuent directement à l’insécurité grandissante dans la région.
Parmi les victimes de cette inflation soudaine, Oumarou Ibrahim, père de onze enfants, résidant au quartier Adramane. Il exprime son désarroi face à cette situation. « Nous avions l’habitude d’acheter deux kilos de viande pour nourrir la famille, mais avec l’augmentation des prix, il nous faut désormais dépenser entre 3 000 et 4 000 francs CFA. C’est une charge supplémentaire pour nous qui vivons déjà dans des conditions difficiles », confie-t-il, évoquant ainsi le fardeau financier qui pèse sur de nombreuses familles de la région.
Pour atténuer les effets de cette crise, certains ménages, tels que celui de Joëlle, mère de famille, ont dû s’adapter en modifiant leurs habitudes alimentaires.
« Nous achetions autrefois la viande bœuf à Zéribé, mais avec l’insécurité, il n’y a plus assez de bétails. Les éleveurs fuient les violences des hommes armés, ce qui rend l’approvisionnement très difficile. Face à la rareté de la viande, on est contraints de varier davantage les repas de la famille en privilégiant les légumes et autres denrées disponibles », raconte-t-elle.
Rareté encouragée par l’insécurité
Le marché à bétail de Zéribé, situé à 3 kilomètres de Ndélé, enregistre une hausse vertigineuse des prix. Le coût d’un bœuf varie entre 200 000 et 350 000 francs CFA, ce qui reflète à la fois la rareté du bétail et les risques encourus par les éleveurs. Ces derniers, confrontés à des attaques répétées de groupes armés, sont contraints de fuir la région avec leurs troupeaux.
Mourhale Adramane, l’un des rares éleveurs sédentaires qui continue de ravitailler les bouchers à Ndélé, témoigne de cette réalité alarmante. « Auparavant, le kilo de viande se vendait à 1 000 francs, mais aujourd’hui il coûte 1 500 francs et les quantités sont insuffisantes. En cette période de saison des pluies, nous consommons plus de légumes, car nous ne pouvons-nous permettre d’acheter de la viande aussi souvent », dit-il.
La précarité de la situation est exacerbée par l’insécurité dans la région. Les autorités locales rapportent qu’un éleveur sédentaire a été dévalisé par des hommes armés le 19 août dernier près du village Bangoran, situé à 63 kilomètres de Ndélé. Les assaillants lui ont extorqué une somme de 1,5 million de francs CFA, un acte qui illustre l’impunité avec laquelle ces groupes opèrent. L’insécurité croissante pousse les éleveurs à fuir leurs terres, contribuant ainsi à la réduction des stocks de bétails disponibles sur les marchés.
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