La vente illicite de médicaments persiste à l’hôpital Communautaire de Bangui, malgré de nombreuses campagnes de sensibilisation. Les patients dénoncent cette pratique et appellent les autorités sanitaires à intervenir pour y mettre un terme.
Les patients dénoncent un système qui les contraint à acheter des médicaments directement auprès de certains personnels soignants, contournant ainsi les circuits formels de distribution. Pour beaucoup, l’achat de médicaments hors de la pharmacie de l’hôpital est devenu une condition tacite pour recevoir une prise en charge adéquate.
Un réseau de vente illicite
Agnès, mère d’un enfant hospitalisé au service de traumatologie, exprime avec amertume son désarroi face à cette situation inacceptable.
« Après avoir reçu l’ordonnance pour notre enfant accidenté, mon mari s’est précipité à la pharmacie. Une infirmière m’a arrêtée, en disant : « Vous ne saviez pas que nous vendons des médicaments ici ? » J’ai répondu que non, et elle a répliqué : « Vous ne voulez pas que mes enfants aient de quoi à manger », a fait savoir Agnès.
Dans la salle de réanimation, Marie tient une ordonnance dans ses mains, mais elle hésite à se rendre à la pharmacie officielle. Elle craint en effet que, si elle s’y rend, le personnel soignant ne prenne cela comme une insubordination et n’abandonne son frère malade à son sort.
« Lorsqu’un médecin prescrit une ordonnance, il est souvent nécessaire d’acheter une partie des médicaments auprès du personnel soignant pour garantir un bon suivi du patient. En l’absence de cette démarche, les soins peuvent être retardés. Ainsi, les patients se voient contraints d’acheter des médicaments vendus illégalement pour assurer leur prise en charge par le personnel soignant », déclare-t-elle.
Selon d’autres témoignages, les personnels soignants en service profitent de toute occasion pour prescrire les médicaments qu’ils détiennent par devers eux. Ceci pour leur permettre d’évacuer leurs produits. Au-delà de ces ventes illicites, les patients déplorent également l’augmentation des frais médicaux. A la maternité, des parents des malades rapportent que les coûts ont récemment augmenté de manière significative, passant de 5 000 à 7 000 francs CFA, une hausse qui pèse lourd sur les familles déjà en situation de précarité.
Des sanctions en vue
Conscient de ces abus, Abel Assaye, directeur de l’hôpital communautaire, reconnaît l’existence de ces rackets et assure qu’un plan de lutte contre ces pratiques est en cours d’élaboration.
« Les actions que nous avons menées récemment ont porté leurs fruits. Je suis descendu avec mes agents dans les différents services et nous avons découvert des placards où les médicaments étaient dissimulés. Il est inacceptable que cela continue. C’est un véritable réseau, mais des sanctions, y compris des radiations vont venir », promet-il.
Toutefois, certaines sources internes estiment que l’éradication de ces pratiques sera difficile à réaliser, car elles profitent directement à une partie du personnel. Ce phénomène, loin de se limiter à l’hôpital communautaire de Bangui, se retrouve dans la plupart des établissements de santé du pays, où la vente illégale de médicaments est courante.
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