À Carnot, dans la Mambéré, les femmes dénoncent le mauvais traitement qu’elles subissent de la part des agents de l’hôpital de la ville.
Les femmes enceintes des villages environnants se disent abandonnées à leur triste sort lorsqu’elles n’ont pas d’argent. En conséquence, bon nombre d’entre elles accouchent à même le sol, que ce soit à la maison ou dans les champs.
À huit kilomètres de la ville de Carnot, dans le village de Kouisson, situé sur l’axe Berberati, une plaignante, Antoinette, s’exprime au nom de ses pairs. Elle dénonce le mauvais traitement et l’absence d’accueil adéquat à l’hôpital de Carnot.
« Lors des consultations prénatales, on demande systématiquement de l’argent aux femmes enceintes, ce qui en décourage beaucoup, notamment celles qui viennent des zones rurales. Cette exigence financière pousse de nombreuses femmes à éviter l’hôpital, faute de moyens. Si tu n’as pas d’argent, tu restes chez toi et si Dieu le veut, tu accouches bien, sinon, tu meurs. Nous avons perdu beaucoup de femmes enceintes ici. Pour être assistée, tu dois payer deux mille francs, le sparadrap et même les gants. Sans argent, c’est fini pour toi », a-t-elle rapporté.
Romaric, un autre habitant de Carnot, souligne que le traitement des femmes enceintes, tel que prévu par la loi, n’est pas respecté.
« Le traitement des femmes enceintes n’est pas respecté. Les médicaments qui devraient leur être fournis gratuitement sont vendus illégalement par les agents de santé dans les quartiers, au détriment des patientes ».
Face à ce qu’elles considèrent comme une injustice, les femmes de Carnot, par la voix d’Antoinette, lancent un appel désespéré au Président de la République, espérant que leur situation soit entendue et que des mesures soient prises pour améliorer les conditions de leur prise en charge.
« Ici, on évoque également la gratuité des soins pour les femmes enceintes, mais la réalité est tout autre. Le personnel de santé nous néglige. Ils ne reconnaissent pas nos valeurs. Si tu ne donnes pas d’argent, ils ne s’occupent pas de toi. Ils privilégient ceux qui leur offrent un billet de 500 F. À l’intérieur du pays, les problèmes dans les hôpitaux sont nombreux, et nous subissons des pertes en vies humaines. Je demande au Président de veiller sur cela », a-t-elle lâché.
En réaction, Dr Ken Guianissio, médecin chef de l’hôpital de Carnot, parle d’une incompréhension autour des critères d’éligibilité à la gratuité de soins.
« Je tiens à vous assurer que la gratuité ciblée est effectivement mise en œuvre au sein de notre hôpital. Nous avons établi des mesures précises pour garantir que les femmes enceintes, en particulier celles venant des zones rurales et à faible revenu, puissent accéder aux soins sans avoir à se soucier des coûts. Cependant, nous sommes conscients des défis qui subsistent et nous nous engageons à améliorer continuellement nos services pour répondre aux besoins de la communauté », a affirmé le responsable médical.
Malgré les promesses de gratuité des soins, les femmes enceintes de Carnot continuent de faire face à d’énormes difficultés pour accéder à des services de santé adéquats. Les pratiques de corruption et le manque de considération de certains agents de santé exacerbent leur détresse, les poussant souvent à accoucher dans des conditions inhumaines. Cette situation tragique témoigne d’un profond décalage entre les engagements institutionnels et la réalité vécue par ces femmes, qui, malgré leur souffrance, continuent d’espérer des changements significatifs au sein de leur système de santé.
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