En République centrafricaine, les centres psychiatriques font face à un défi de personnel, d’infrastructures et de matériels pour la prise en charge des malades mentaux. À l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale ce jeudi 10 octobre, Radio Ndeke Luka a visité le centre psychiatrique de Bangui, qui prend en charge plus de 800 patients cette année.
Au quotidien, le centre psychiatrique de Bangui prend en charge des malades mentaux, principalement des hommes et des consommateurs de stupéfiants. Certains patients sont accompagnés de leurs parents pour des rendez-vous, tandis que d’autres sont hospitalisés dans cet établissement limité à quatre bâtiments délabrés. Le pavillon réservé aux femmes dispose de 16 lits usés, tous occupés.
Des parents désemparés
Dorothée est auprès de sa fille, hospitalisée depuis plus de cinq jours pour des troubles mentaux survenus alors qu’elle suivait une formation.
« Elle était en formation militaire lorsque, sur le champ de tir, l’étui d’une balle lui a cassé une dent. On ne le savait pas à ce moment-là. Ce n’est qu’ensuite qu’elle a commencé à développer des troubles mentaux », témoigne cette mère.
Le pavillon des hommes, qui compte 20 lits, est dans un état déplorable. Dans la salle d’hospitalisation, Pauline accompagne son fils malade et parle de sa maladie.
« Il était parti se faire soigner à Mbaïki chez sa belle-famille. D’après ce qu’il a rapporté, il est tombé dans cet état après avoir pris une décoction donnée par le guérisseur. Nous l’avons retrouvé grâce à des personnes de bonne volonté », déclare-t-elle. Dans la même salle, où sont admis les hommes, Innocent a réussi à se stabiliser après cinq jours de suivi et partage son expérience : « Je consommais des stupéfiants parce que je faisais des travaux difficiles. Mais je demande à mes pairs de ne pas en prendre pour ne pas tomber dans le même état que moi ».
Plusieurs facteurs à l’origine
Selon Nathalie Agnès Ouakondo, Major du centre psychiatrique de Bangui, d’autres facteurs contribuent aux troubles mentaux chez certaines personnes.
« Il existe des causes héréditaires ; dans une même famille, plusieurs personnes peuvent être touchées par des troubles psychiques. L’âge peut également jouer un rôle, entraînant la perte de raison chez certaines personnes. Cependant, les cas les plus fréquents sont liés à la consommation de stupéfiants, y compris les boissons, les comprimés et d’autres substances psychoactives », explique-t-elle.
Le centre psychiatrique de Bangui, qui est le seul établissement public, ne dispose que de deux professionnels de santé qualifiés. Les bâtiments vétustes et insalubres manquent du matériel adéquat pendant que le nombre de patients est très élevé.
-A écouter aussi : Santé : « Deux personnes pour toute la République, c’est insignifiant »