On en sait plus à présent sur la situation humanitaire qui prévaut dans le Nord de la Centrafrique. Les combats qui ont récemment secoué cette partie du pays ont contraint des milliers de personnes à fuir. Ces violences fragilisent considérablement les conditions de vie de la population de la République centrafricaine (RCA), l’un des pays les plus pauvres du monde. Le CICR tente cependant d’assister les populations les plus vulnérables en dépit d’une insécurité qui rend l’accès aux victimes difficile.
Un communique rendu public jeudi 23 février 2012 et émanant du bureau du CICR à Bangui dresse l’état des lieux. Selon ce communiqué, plusieurs villages situés le long de l’axe Ouandago-Gondava à une cinquantaine de kilomètres au nord de Kaga Bandoro ont été partiellement ou totalement détruits depuis la fin janvier 2012. Des combats ont en effet eu lieu entre les forces gouvernementales centrafricaines et tchadiennes d’un côté, et le groupe armé du Front populaire pour le redressement tchadien de l’autre. « Des milliers de personnes ont dû fuir, explique Katharina Ritz, cheffe de la délégation du CICR à Bangui. Elles ont tout perdu : leurs maisons, leurs récoltes et leurs biens. »
Le communiqué mentionne que si la plupart des déplacés ont trouvé refuge chez des proches dans des villages avoisinants, de nombreuses personnes se sont cachées dans la brousse. Ces populations ont besoin d’eau et de nourriture. Le CICR réhabilite déjà des puits et des forages dans les zones où se concentrent ces déplacés. Des vivres sont également distribués pour ceux qui n’ont pu être logés dans une famille hôte. La Croix-Rouge centrafricaine (CRCA) a mis en place deux brigades de secours à Kaga Bandoro afin d’orienter les déplacés vers des familles d’accueil et de porter assistance aux blessés légers.
Le CICR explique par ailleurs que plusieurs autres régions du pays subissent également des violences de manière sporadique, comme à Bria au mois de septembre 2011. Selon elle, la situation est encore aggravée par le banditisme et des tensions ethniques. Dans ces régions, l’insécurité est telle qu’elle entrave significativement l’acheminement de l’aide humanitaire, y compris celle du CICR. Afin de pouvoir mener ses activités, le CICR développe un dialogue permanent avec les forces régulières du pays, les autorités administratives et politiques et les représentants de la société civile, et dans la mesure du possible les groupes armés. Là où l’accès aux moyens de communication est extrêmement limité et la Croix-Rouge peu connue, une troupe de la CRCA interprète régulièrement une pièce de théâtre expliquant le rôle du CICR et de la CRCA.
Cette insécurité limite également l’accès aux champs ainsi qu’aux services de base comme les soins médicaux et l’école. Au-delà de son action d’urgence, comme actuellement au nord de Kaga Bandoro, le CICR a mis en place une assistance permettant aux populations ayant été victimes des violences de reprendre rapidement une vie normale. Elles peuvent ainsi reconstruire leurs maisons, boire de l’eau potable ou encore cultiver à nouveau leurs champs.
Six ex-enfants soldats ont été réunifiés avec leurs familles ainsi que 29 enfants qui avaient été séparés de leurs familles durant les déplacements de populations ou autres évènements liés aux violences armés.
Le CICR a visité 1180 détenus dans divers lieux de détention du pays afin de vérifier leurs conditions de détention et leur traitement. Du matériel d’hygiène (savons, seaux, jerricans, brosses, etc.) a été distribué à 2400 détenus. Les douches et latrines de trois lieux de détention ont été réhabilitées.
Afin de rappeler que certaines actions, comme le recrutement d’enfants, les pillages ou les attaques contre les civils, sont strictement interdites par le droit international humanitaire (DIH), le CICR a notamment conduit en 2011 plus de 50 séances de formation en DIH à plus 3000 éléments de forces régulières et des groupes armés