Les 16 jours dédiés à la lutte contre les violences faites aux femmes s’achèvent, ce 10 décembre. Même s’il est difficile d’avoir un chiffre concret auprès des institutions en charge de la lutte et la répression des violences subies par ces femmes, certaines ONG locales, internationales et le gouvernement constatent une augmentation de ces pratiques.
Si tout le monde parle d’un taux élevé de violences faites aux femmes en République centrafricaine, il reste difficile de fournir des chiffres précis. Le Mouvement des Survivants de Centrafrique (Mosuca) indique cependant avoir recueilli les témoignages de plus de 100 femmes ayant subi des violences sexuelles cette année à Bangui et à Bossangoa.
« En mars dernier, nous avons mené une campagne dans la commune de Landja, où nous avons recensé 27 femmes et filles victimes de violences basées sur le genre. À Bossangoa, environ 77 cas de viols sexuels ont été enregistrés pendant les conflits armés », précise Prisca de St Martyrs Bogon, membre de ce mouvement.
Si le Mosuca évoque 100 femmes, la Fondation Cynthia Bouvier Garzon avance un chiffre bien plus élevé, avec 422 femmes et mineurs violés à Bangui et dans la région du Bamingui-Bangoran. Médecin Sans Frontières (MSF) et le gouvernement font état d’une augmentation de ces violences cette année, sans fournir de chiffres précis. L’année dernière, selon un rapport de MSF, plus de 20000 personnes ont été prises en charge par l’organisation sur l’ensemble du territoire centrafricain entre 2018 et 2022.
Marthe Kirima, ministre de la Protection de la femme, appelle les victimes à briser le silence et à dénoncer les auteurs de ces violences : « Lorsqu’une femme est victime de violences basées sur le genre, elle ne doit pas se taire, car nous avons des instruments juridiques pour poursuivre et réprimer les auteurs. C’est le silence des victimes qui freine l’avancée de la politique du chef de l’État en matière de protection des femmes et des enfants », a-t-elle indiqué.
Le grand défi reste donc le courage des femmes à braver la peur et la stigmatisation afin de dénoncer les violences à leur égard.
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