L’opposant centrafricain Joseph Bendounga, député de Bimbo 3, s’est éteint ce dimanche 5 janvier à l’hôpital de l’Amitié de Bangui. Cet homme politique était le président du Mouvement Démocratique pour la Renaissance et l’Évolution du Centrafrique (MDREC), une formation politique qu’il a créée en 1990 et dirigée jusqu’à son décès. Mais qui était donc Joseph Bendounga ?
Joseph Bendounga a commencé à marquer la scène politique centrafricaine dès les années 90. A l’aube de l’instauration du multipartisme, il crée son parti, le Mouvement démocratique pour la renaissance et l’évolution du Centrafrique (MDREC) et s’oppose au régime de feu président André Kolingba. Félix Yepassis-Zembrou, ancien journaliste à Radio Centrafrique raconte par exemple que le président Kolingba avait pendant son régime décrété une journée de jeûne et de prière. Et pour marquer son désaccord, « Bendounga, coiffé de son éternel chapeau de paille, se présenta tôt le matin le jour J devant la grille du palais de la Renaissance et se mit à faire les cent pas en mangeant tranquillement des arachides avec des tubercules de manioc grillées, ce en présence des passants et des militaires de faction », s’est souvenu le journaliste dans un post sur Facebook.
Joseph Bendouga a poursuivi son opposition aux différents régimes qui se sont succédés. En 1997, il a été nommé par le président Ange Félix Patassé, maire de Bangui. Il démission le 18 février 2000 et prend la tête du Collectif démocratique des partis politiques de l’opposition contre Patassé. En janvier 2013, il a été nommé ministre-délégué du Développement rural et de l’Agriculture sous l’administration de François Bozizé. Joseph Bendounga a conservé ce poste jusqu’à l’arrivée de Michel Djotodia au pouvoir le 24 mars 2013, mais il a été limogé le 15 décembre 2013 pour avoir violé à plusieurs reprises l’obligation de réserve en critiquant ouvertement son supérieur, Michel Djotodia et les bavures des rebelles de la Séléka.
Titulaire d’une capacité en Droit de l’Université de Bangui, Joseph Bendounga s’est fait connaître dans le milieu politique centrafricain par son franc-parler et ses prises de position. Ses revendications politiques l’ont souvent conduit devant les tribunaux, où il obtient parfois gain de cause.
Une constance dans la lutte politique
De nombreux Centrafricains, ainsi que certains acteurs politiques, y compris des proches du régime de Touadéra, estiment que Joseph Bendounga mène une opposition véritablement démocratique et constructive, n’hésitant pas à critiquer ouvertement le président de la République et les gouvernements successifs du pays.
Par exemple, Joseph Bendounga avait mené une campagne contre la convocation du référendum constitutionnel du 30 juillet 2023, accusant le président Faustin-Archange Touadéra de chercher à « s’éterniser au pouvoir » et de vouloir « modifier les règles du jeu démocratique » en République centrafricaine.
Toujours en défense de la démocratie, Joseph Bendounga a appelé Ferdinand Alexandre Nguendet à « recourir à des moyens légaux et pacifiques pour changer le régime Touadéra », réagissant ainsi aux menaces de renversement du régime formulées par Nguendet, ancien président du Conseil national de transition, sur les réseaux sociaux.
Joseph Bendounga est décédé des suites d’une maladie à l’hôpital de l’Amitié à Bangui, à l’âge de 71 ans. Sa famille l’a enterré le même jour selon ses vœux. Une manière de dénoncer un manque de prise en charge du député pendant qu’il était souffrant.
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