« Ce sont les jeunes qui donnent du crédit à la désinformation en Centrafrique », Jacklin Hulem Ngbandi, président de la jeunesse de Gbaloko
Jacklin Hulem Ngbandi, président de la jeunesse de Gbaloko. Photo: Allahrdi Aristide Allayam

« Ce sont les jeunes qui donnent du crédit à la désinformation en Centrafrique », Jacklin Hulem Ngbandi, président de la jeunesse de Gbaloko

Si la désinformation continue de gagner du terrain en République centrafricaine, c’est parce que c’est les jeunes qui s’y prêtent et la distillent, affirme Jacklin Hulem Ngbandi président de la jeunesse de Gbaloko à la sortie nord de Bangui.

Quel constat faites-vous de la désinformation, des rumeurs communautaires et des discours de haine auxquels la RCA est exposée ?

« D’après mon analyse, c’est la population centrafricaine elle-même et de surcroit la jeunesse qui est à l’origine de la désinformation. Pour moi, si les rumeurs et la désinformation reviennent toujours, c’est parce que la population centrafricaine fait plus foi aux « Les on-dit ». Ce qui continue de l’affecter ».

Quelles sont les désinformations ou rumeurs qui sont courantes à Gbaloko ?

« On connait presque toutes les formes de rumeurs communautaires comme celle de la prétendue disparition de sexe masculin il y a trois mois et dont la nouvelle a paniqué le plus la ville de Bangui. Par ailleurs, chez nous ici, les jeunes ont tendance à ne croire qu’aux nouvelles qui sont véhiculées de bouche à oreille. Une attitude que je déplore toujours. Selon leur croyance, les vraies informations sont celles qui ne sont pas diffusées par des canaux officiels, et les informations officielles seraient toujours incomplètes. Donc pour les jeunes de ma circonscription, c’est ce qui n’est pas dit et qui a été rapporté par la suite qui semble être la vraie information ».

Quelle est la rumeur ou la désinformation qui vous a le plus marqué ?

« Le souvenir que je n’oublierai jamais est celui d’une fausse information qui a circulé en octobre 2023 sur la route de Damara à la sortie nord de Bangui vers PK 22 où des gens avaient fui après une fausse alerte disant que des rebelles se dirigeraient vers Bangui. De nombreuses personnes avaient fui. A l’origine ce sont des jeunes conducteurs de mototaxis qui ont diffusé et relayé cette fausse nouvelle. Et cela s’est très rapidement propagé. Des élèves, des vieilles mamans, des commerçants qui pensaient que c’était une vraie information avaient fui dans tous les sens. On a enregistré des accidents et des morts ».

Qu’est-ce qu’il faut faire pour lutter activement contre la propagation de la désinformation en RCA ?

« Sensibiliser la population. C’est le seul moyen. Il faut que les acteurs de lutte contre la désinformation, comme le fait StopAtènè, soient en mesure et aient des moyens pour sensibiliser et former à la fois les jeunes, vecteurs principaux des fausses rumeurs et de la désinformation. En faisant ainsi, ces phénomènes n’auraient plus de pouvoirs sur les communautés. »

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes de votre localité pour lutter contre la propagation des désinformations ?

Je demande en général à la jeunesse centrafricaine et plus particulièrement à celle de Gbaloko de ne pas se fier à la désinformation et aux rumeurs. Je les exhorte vivement à chercher à connaitre chaque source de chaque information avant de la relayer. Enfin, il faut que les jeunes cessent d’écouter les « on-dit » ou encore les « Atènè » car cela peut créer la haine et généralement, amener la mort ».

#StopAtènè, la cellule numérique de Radio Ndeke Luka qui lutte contre la désinformation, les rumeurs et les messages de haine.