Les producteurs de cacao de Mobaye dans la préfecture de la Basse-Kotto, se plaignent de la mévente de leurs produits. Certains conservent encore des tonnes de cacao dans l’espoir de trouver des clients, tandis que d’autres sont contraints de jeter leurs marchandises moisis. Ces planteurs appellent le gouvernement centrafricain à investir dans la filière cacao.
En ce début de période de récolte, les producteurs redoutent la mévente de leurs produits, comme ce fut le cas dans les années précédentes. Mathieu Gonoka, l’un d’eux, ne cache pas son désarroi : « Nous récoltons du cacao en coques, mais il n’y a personne pour les acheter. Chaque année, nous récoltons une tonne de cacao, mais malheureusement, ces produits ne sont pas achetés, et on les jette tout simplement à la poubelle. Ici à Mobaye, nous n’avons pas de coopérative pour les planteurs de cacao », déplore le cultivateur.
Malgré la mévente de plusieurs tonnes de cacao en coques et en grains, de nombreux habitants continuent de s’intéresser à cette culture, à l’exemple de Moussa Saïdou. « J’ai démarré cette année avec trois hectares de plantation. J’ai appris que la Côte d’Ivoire, devenue un grand producteur de cacao, avait commencé par importer des grains de cacao de Centrafrique. J’espère qu’un jour, la production du cacao surpassera celle du café ici à Mobaye », a-t-il expliqué.
Filière cacao délaissée
La filière cacao souffre du manque de soutien gouvernemental, reconnaît Bienvenu Ndosson, chef de service préfectoral de l’agriculture dans la Basse-Kotto : « Les cacaoculteurs de Mobaye souffrent depuis plus de 20 voire 30 ans de la non-commercialisation de leurs produits. La filière n’est pas soutenue par le gouvernement, ce qui fait que les enfants mangent le cacao comme une mangue ou un simple fruit et jettent les grains. Nous sommes en train de former les planteurs sur la transformation du cacao en poudre pour leur permettre de vendre localement. Les produits bien séchés peuvent être emballés et conservés longtemps », a-t-il précisé.
Face à ces difficultés des agriculteurs, le service préfectoral de l’agriculture de la Basse-Kotto envisage également de discuter avec les responsables de l’Office de Réglementation, de Contrôle et de Commercialisation des Produits Agricoles (ORCCPA) à Bangui. L’objectif est de les informer sur la production de cacao dans cette sous-préfecture, afin de faciliter les calculs de rendement et inciter les acheteurs à se tourner vers cette production.
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