Les centrafricains célèbrent ce 15 mars 2012 le premier anniversaire de la prestation de serment du Président François Bozizé pour son second mandat de cinq ans. Un serment prêté à l’issue de la présidentielle de 2011 remportée dès le 1er tour par ce dernier. Les festivités se déroulent à Ouandago (nord), sur les traces de Baba Ladé, chassé en janvier dernier de cette ville par une attaque militaire centrafricano-tchadienne.
Dans la journée du 14 mars à Kaga Bandoro (nord) avant le départ pour la région de Ouandago la fête était au top, a remarqué le correspondant de radio Ndeke Luka : 16 ministres, plusieurs autorités locales, populations, partenaires au développement, diplomates sont de la partie aux côtés de François Bozizé. Sécurité renforcée, marchés inondés et logements pleins à craquer. A quelque chose malheur est bon, même les enseignants contractuels en grève il y a quelques jours ont perçu leurs arriérés de salaire, selon les correspondant.
Il faut dire que pour un anniversaire surtout politique, c’est toujours un bilan et des perspectives pour situer la population sur les chantiers élaborés et mis en œuvre en sa faveur.
La phrase de François Bozizé qui demeure gravée dans la mémoire des Centrafricains est « La récréation est terminée ». Il l’a martelée le 15 mars 2011 lors de son investiture au complexe Barthélemy Boganda à Bangui.
Selon les centrafricains interrogés par Radio Ndeke Luka, « la récréation est terminée mais ils continuent de se plaindre : Plainte du manque de justice équitable, violences des hommes en tenue sur les populations, dégradations accentuées des infrastructures notamment les ponts et les avenues, difficultés des soins dans les hôpitaux ».
A cela s’ajoutent « la baisse accrue du niveau des élèves et étudiants, politisation négative des structures de l’Etat et des jeunes, insécurité à Bangui et plus dans les régions nord du pays jusqu’aux portes de Bangui, l’augmentation anarchique et la rareté des denrées alimentaires et certains produits de première nécessité, l’impunité, et la liste continue ».
Face à cette situation, François Bozizé a connaissance et conscience de la situation. C’est ainsi qu’il commence une série de discours circonstanciés pour rabrouer et rappeler les fauteurs de troubles à l’ordre : Il s’en prend aux ministres qui ternissent l’image du pays face aux investisseurs, aux magistrats qu’il accuse de ne pas bien faire leur travail, le maitre de Bangui s’en prend aux hommes politiques qui, selon lui, ne savent pas faire la bonne politique.
François Bozizé attaque Baba Ladé mais ne le tue pas, Baba Ladé tente de revenir en force , il entame une série de réformes dont la plus actuelle est la suppression des Conseils d’Administration des sociétés et offices d’Etat. Toutefois, cette dernière réforme engendre des manifestations sociales, et le gouvernement pense que ces manifestations ne sont pas les fruits de cette réforme.
Reste que les institutions de Breton Wood ne sont plus très visibles dans le pays. Et c’est enfin, l’arrestation de deux ministres accusés de détournement, de faux et usage de faux. Et le Centrafricain se demande si la récréation est vraiment terminée ? Mais le même Centrafricain répond ; non ! la fin de la récréation ne fait que commencer. La récréation sera terminée quand lui, le Centrafricain retrouvera ses droits fondamentaux ! Il attend que François Bozizé aille plus loin. A qui le prochain tour ?
L’autre préoccupation du Centrafricain, c’est la tendance à l’institutionnalisation du 15 mars jour d’un coup de force, alors que nous sommes en démocratie et que le Chef de l’Etat a été élu.
Hors mis le citoyen lambda, le bilan de cette première année est diversement apprécié selon que l’on est de l’opposition politique ou de la majorité présidentielle.
Martin Ziguélé, président du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC), est sans ambages : « On fait une fête dans un pays s’il y a des motifs de joie. A ce jour, 9 centrafricains sur 10 interrogés sur leur vécu quotidien émettront un sentiment négatif. Le MPLC s’exprime par respect pour les enfants qui ne vont plus à l’école, les femmes qui ne savent plus comment prendre en charge leurs progénitures, les hommes qui ne peuvent plus s’adonner à leurs activités. Il y a un déphasage total entre les aspirations profondes de ce peuple à la sécurité à l’alimentation au bonheur, et tout le cinéma que cette nomenclature expose tous les jours ».
Pour Rodrigue Mayté, un des membres actifs du Kwa Na Kwa (KNK), vivant en France, « le gouvernement a entrepris d’énormes réformes institutionnelles. Il faut reconnaitre que les fruits de ce second mandat sont déjà visibles : Les institutions marchent comme il le faut, au plan économique on assiste à un assainissement des finances publiques au point que le gouvernement ait reçu satisfecit de la part des institutions internationales. Au sujet de la sécurité, le gouvernement a pris des initiatives pour chasser le rebelle tchadien Baba Ladé ».
Les quatre années à venir du 2ème quinquennat de François Bozizé, permettront à la population d’apprécier à sa juste valeur, ce qui a été fait et ce qui reste à faire.