Le peuple centrafricain rend hommage ce 29 mars 2012, à Barthélémy Boganda. Il s’agit de la commémoration de l’anniversaire de la disparition tragique en 1959, dans un accident d’avion, de Barthélémy Boganda, fondateur de la République. La journée est décrétée fériée, chômée et payée.
L’ensemble du gouvernement centrafricain, avec à sa tête le président François Bozizé, a rendu hommage à celui que tout homme politique dans le pays, considère, pouvoir comme opposition, comme la référence.
Haut-lieu de cette commémoration, le village Boganda. François Bozizé s’y est rendu, ainsi que les partenaires au développement, pour une cérémonie de dépôt de gerbes de fleurs et défilé funéraire suivie par la visite des huit sites des épaves de l’avion. C’est à proximité de ce village que l’avion qui transportait Barthélemy Boganda s’est écrasé.
La cérémonie de Bobangui situé à 75 kilomètres de Bangui dans la Lobaye (sud du pays) , a été présidée par Célestin Leroy Gaombalet, président de l’Assemblée Nationale. Après le défilé, il s’est rendu à Bérengo avec sa suite pour déposer une gerbe de fleurs sur la tombe de l’ancien président Jean-Bedel Bokassa.
La particularité cette année est que, tous les défunts Chefs d’Etat ainsi que certains leaders sont aussi à l’honneur. Des gerbes de fleurs sont déposées par certains membres du gouvernement et autorités locales sur les tombent des anciens présidents tels que Ange-Félix Patassé, André Kolingba, David Dacko, Jean-Bedel Bokassa, sans oublier le professeur Abel Goumba.
Se souvenir de Boganda leader charismatique centrafricain ne se résume pas seulement à Bobangui. Selon certains Banguissois interrogés par Radio Ndeke Luka, les circonstances de la mort de ce dernier devraient être « clarifiées ».
D’ailleurs certains auteurs centrafricains commencent à tenter de faire la lumière sur cette tragique disparition. Le cas de Béngué Bossin qui dans un ouvrage, a affirmé que Boganda est décédé plusieurs années après le crash de l’avion de 1959, suscite un vif débat dans la classe politique centrafricaine.
Dans sa rubrique intitulée « Lissoro » consacrée à cette commémoration, Radio Ndeke Luka s’est aussi posée plusieurs questions relatives « à la vérité sur le décès de Baganda qui tarde à venir. Et la radio de remarquer que sous le régime du défunt président André Kolingba, la commémoration du 29 mars a été suspendue. Cette décision politique mérite réflexion, indique la radio ».
Pour d’autres, notamment les jeunes générations qui le connaissent par ouïe dire, il a « beaucoup contribué au développement du pays, sa lutte n’avait pas encore atteint son apogée, il reste et demeure le père de la nation centrafricaine. L’exemple de Boganda mérite d’être copié par ses successeurs, car c’était un homme généreux qui aimait son pays ».
Seulement affirment d’autres, depuis la disparition de Boganda, « aucun homme politique n’a réellement mis en œuvre l’héritage sinon les idéaux politiques de ce grand homme. Chaque régime pense d’abord à s’enrichir avec son clan, son entourage. Ces dirigeants se livrent ainsi à la gabegie, au détournement bref, à la mal gouvernance au détriment du peuple qui souffre quotidiennement ».
La commémoration du 29 mars de cette année intervient dans un contexte social très précaire. La ville de Bangui ainsi que certaines villes des provinces manquent cruellement d’eau potable. Pour illustration, il y a plus d’une semaine, la population de Bangui peine à s’approvisionner. La raison évoquée par la seule Société d’Etat de distribution d’eau en Centrafrique (SODECA) est la difficulté liée au captage de l’eau pour traitement depuis le fleuve Oubangui. Une situation provoquée par l’étiage sévère enregistré cette année.
A cela s’ajoutent des remous sociaux issus des conséquences de la suspension des Conseils d’Administration des entreprises publiques. La décision a perturbé le fonctionnement de ces sociétés conséquences : perlée de grève dans les principaux hôpitaux du pays voire d’autres secteurs tels la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS).
L’autre aspect à mettre en lumière en relation avec cette fête est l’insécurité grandissante provoquée par les rebellions étrangères. Des multiples cas d’exactions perpétrées ces derniers temps par les éléments de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) sur les populations des préfectures de Mbomou et Haut Mbomou et la traque en janvier dernier du Général rebelle tchadien Baba Ladé par le Tchad et la République Centrafricaine, en sont une parfaite illustration.