Témoignage : comment la désinformation peut fausser les décisions des chefs de quartiers
Guillaume Zanga, chef du quartier Bozanga 2 à Bossembélé. Photo: RNL/Aristide Allayam Allahrdi, mars 2025.

Témoignage : comment la désinformation peut fausser les décisions des chefs de quartiers

En marge d’une sensibilisation à Bossémbélé en février dernier, l’équipe de StopATènè, la cellule numérique de Radio Ndeke Luka qui lutte contre la désinformation a rencontré Guillaume Zanga, chef du quartier Bozanga 2. L’autorité locale rappelle l’importance d’éduquer la population à prendre du recul face à toute information reçue et témoigne comment la désinformation complique les jugements.

« Je tiens à remercier Radio Ndeke-Luka et la cellule StopATènè pour cette sensibilisation sur la désinformation, les rumeurs communautaires et les discours de haine. Ces réalités portent atteinte à notre vivre-ensemble et nuisent au développement des communautés humaines ».

Êtes-vous désormais convaincu qu’une information ou une rumeur non vérifiée peut engendrer des dommages au sein d’une société ?

« Absolument ! La division, les rancunes, les mésententes entre des habitants de Bosémbélé tirent leur origine principalement dans la désinformation. De nombreux Centrafricains agissent sans prendre le soin de vérifier les sources des informations reçues. Et par la suite, quand la vérité va émerger, les actes posés sous le coup de l’émotion auraient malheureusement déjà eu de conséquences néfastes ».

Ainsi, la ville de Bossembélé a-t-elle également été confrontée à la désinformation communautaire ?

Notre sous-préfecture a été, et continue d’être vulnérable à la désinformation. Il faut que Radio Ndeke-Luka initie un autre projet destiné à sensibiliser les populations des zones reculées sur les conséquences d’actes fondés sur des informations non vérifiées. Les conflits violents qui persistent entre chrétiens et musulmans, et entre éleveurs et cultivateurs, trouvent souvent leur origine dans cette désinformation. Cela contribue à renforcer un climat de méfiance entre ces différentes couches sociales.

Avez-vous déjà été personnellement victime d’une désinformation ?

Non, je n’ai pas été personnellement touché. Cependant, en tant que chef, nous rencontrons régulièrement des difficultés pour trancher des litiges communautaires basés principalement sur des « atènè » ou des « on-dits ». Souvent, nos décisions entraînent des désillusions lorsque la vérité se révèle quelque temps après. Cela m’a permis de comprendre que ce n’est pas toujours la masse qui dit la vérité. On ne doit pas que suivre ce qui sont nombreux pour donner une décision. Donc la désinformation nous induit parfois en erreur.

Qu’attendez-vous des leaders communautaires de Bossembélé qui ont participé à cette sensibilisation ?

J’exhorte tous ceux qui ont pris part à cette formation, en particulier mes collègues chefs de quartiers et chefs de groupes, à organiser dès que possible une séance de retransmission des connaissances acquises lors de cette sensibilisation auprès de leurs administrés respectifs. En agissant ainsi, chaque citoyen et membre de chaque communauté développera une culture de vérification avant d’agir, ce qui permettra d’éviter les interprétations erronées basées sur des informations non vérifiées.