Les professionnels des médias de la République Centrafricaine ont boycotté les activités marquant la célébration de la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse de ce 3 mai 2012. Ces derniers entendent par ce geste mener une action collective pour la libération d’un des leurs, Ferdinand Samba, Directeur de publication du journal « Le Démocrate ».
Il a été emprisonné depuis 4 mois à la maison carcérale de Ngaragba. Le Directeur de ce journal a été poursuivi pour diffamation par le neveu du Chef de l’Etat Sylvain Ndoutingaï, Ministre d’Etat aux finances.
La décision de ce boycott a été prise la veille au cours d’une assemblée générale tenue à la Maison de la Presse et du Journaliste (MPJ) à Bangui. Objectif : protester contre la violation flagrante par les pouvoirs publics, des dispositions de l’ordonnance relative à la dépénalisation des délits de presse du 22 février 2005. Les journalistes du pays se mettent ainsi en marge de la célébration de la 21ème journée dédiée par les Nations Unies en leur faveur.
Interrogés par Radio Ndeke Luka, certains journalistes ont indiqué que « cette fête n’a pas sa place ce jour au moment où un confrère croupit encore en prison. La décision du boycott a été sage : une manière de faire entendre la voix de la presse et obliger les autorités à respecter la profession y compris les textes qui la régissent ».
Dans une interview accordée ce jeudi toujours à Radio Ndeke Luka, Maka Gbossokoto, président de l’Union des Journalistes de Centrafrique (UJCA) a affirmé que « plusieurs rencontres infructueuses dont celle avec le président centrafricain François Bozizé ont été menées. Des rencontres bien sûres pour tenter d’obtenir la libération de Ferdinand Samba ».
Pour mémoire, le directeur de publication du quotidien « Le Démocrate » a été condamné à 10 mois de prison ferme, un million de francs CFA d’amende à payer à l’Etat centrafricain, dix millions de dommages et intérêts à payer à la partie civile (le ministre d’Etat aux Finances Sylvain Ndoutingaï) et la fermeture du journal pendant un an.
Quant à Patrick Agoundou, directeur de publication du quotidien « La Plume », poursuivi pour les mêmes accusations et considéré en fuite, il a été jugé par contumace et condamné à un an de prison ferme. Un mandat d’arrêt international a été lancé contre lui.
En 2011, pour un chef d’accusation presque similaire, Faustin Bambou et Emmanuel Cyrus Sandy, respectivement Directeur de publication des journaux « Les collines de Bas-Oubangui » et « Médis + » ont été poursuivis pour « incitation à la haine et atteinte à la sureté de l’Etat » et ont été jugés puis relâchés. Ils avaient écrit un article incriminant le ministre délégué à la Défense Francis Bozizé. Le détournement des fonds alloués au payement des pensions des militaires débloqué par l’union Européenne a été le point d’orgue.
A l’occasion de la célébration de cette journée ce jeudi, le Secrétaire Général des Nations Unies Ban Ki-Moon, appelle le monde entier à défendre les journalistes qui sont de plus en plus la cible de violences et menaces. Il a souligné dans son message que l’an dernier, plus de 60 journalistes ont été tués dans le monde et nombreux sont blessés dans l’exercice de leur fonction. Aussi au 1er décembre 2011, 179 journalistes étaient placés en détention.