L’explosion d’une grenade a causé des dégâts au quartier Gbafio de Boy Rabe, dans le 4ème arrondissement de Bangui, la capitale centrafricaine. Un garçon de 6 ans est mort après avoir reçu des éclats du projectile dans le dos. 9 autres personnes ont été blessées sur plusieurs parties de leur corps. Elles ont été immédiatement été amenées, certaines à l’hôpital communautaire, d’autres au Complexe pédiatrique de Bangui.
L’incident a eu lieu vendredi 25 mai 2012. Tout est arrivé au cours d’une bagarre opposant deux familles voisines suite à une affaire de jalousie. Un des protagonistes, s’est emparé d’une grenade stockée dans la maison par son frère militaire habitant dans la maison et l’a fait exploser.
Tout est parti d’un conflit opposant deux dames habitant le quartier et se disputant le même homme. Elles se battaient à chaque rencontre ou invective depuis déjà 3 jours. Le conflit s’est ensuite élargi à leurs deux familles dont les membres ont fini par en venir aux mains dans ce qu’il faut bien considérer comme une mêlée opposant les deux camps, malgré une médiation tentée par le chef de quartier.
C’est dans ces circonstances qu’un membre d’une des familles protagonistes a dégoupillé une grenade offensive et l’a jeté aux membres de l’autre famille. Il y a eu un mort sur le coup. Les blessés ont été transférés dans deux centres hospitaliers différents. Un blessé grave, atteint aux testicules a ensuite été récupéré de force à l’hôpital communautaire et amené vers une destination inconnue par des hommes en uniforme. Radio Ndeke Luka a pu recueillir le témoignage de l’infirmière-Major de service aux urgences, témoin de cet enlèvement. On est pour l’instant sans nouvelles de ce blessé tout comme on ignore l’identité exacte de ses ravisseurs.
Les gendarmes ont procédé à l’enlèvement du corps de l’enfant tué, en présence d’un agent de Radio Ndeke Luka, avant le transfert à la morgue.
En attendant de connaitre les raisons exactes de cet incident et de situer les responsabilités, il faut dire que cet incident remet au-devant de la scène la lancinante question de la détention, du port et de l’usage illégal des armes et munitions de guerre.
L’article 259 du Code pénal de la République centrafricaine stipule : « Toute personne qui aura détenu, porté, fait ou tenté de faire usage d’armes ou munitions de guerre, si elle n’est un élément des forces de défense et de sécurité ou des forces paramilitaires en mission ou service recommandé, ou autorisé à les détenir sera punie de cinq à dix ans d’emprisonnement et d’une amende de 5.000.000 à 10.000.000 de francs ».
Cette disposition du Code pénal souffre malheureusement de non respect. Les éléments des forces de l’ordre et de défense se baladent armés même s’ils ne sont pas en service commandé. Ils détiennent des armes à domicile et il est courant de les voir armés dans les milieux publics, et les transports publics, ce qui crée une psychose chez les Centrafricains.
A la première occasion, ils n’hésitent pas à menacer de leurs armes. Plusieurs bavures ont ainsi été enregistrées sans que les autorités militaires ou gouvernementales ne réagissent pour punir les auteurs.
Ce recours à une grenade dans un banal conflit de voisinage opposant d’abord deux dames, puis leurs deux familles, intervient au moment où des émissions de sensibilisation sur la question sont diffusées régulièrement depuis trois mois sur les ondes de Radio Ndeke Luka, dans le cadre du PRED (projet de renforcement de l’Etat de droit). Il s’agit d’un projet du ministère de la justice et de la moralisation, soutenue par le PNUD à Bangui.
Depuis les événements militaro-politiques de 1997, la poudrière a été saccagée et les armes et munitions emportées. Le pays ne dispose plus d’endroit sécurisé pour garder les armes. Chaque élément peut posséder plusieurs armes et munitions à domicile, ce qui rend difficile le contrôle de ces éléments et des armes et munitions.
Par ailleurs, la montée des rébellions et l’insécurité généralisée dans le pays a occasionné la détention des armes et munitions de guerre conventionnelles ou de fabrication artisanale par les civils. Ils justifient cette détention par le fait de se protéger contre les ravisseurs. Malheureusement, certains n’hésitent pas à s’en servir pour braquer ou pour régler des comptes.