Charles Taylor a été condamné à 50 ans de prison par le Tribunal spécial pour la Sierra Léone (TSSL). Les juges ont souhaité faire un exemple de la première peine infligée contre un chef d’Etat par la justice internationale.
« La chambre vous condamne unanimement à une peine unique de 50 ans d’emprisonnement », a déclaré le juge samoan Richard Lussick. « L’accusé est responsable d’avoir aidé et encouragé, ainsi que d’avoir planifié, certains des crimes les plus haineux de l’histoire de l’humanité », a-t-il ajouté.
Si la sentence était confirmée en appel et qu’il devait purger sa peine jusqu’à son terme, Charles Taylor aurait alors 108 ans.
L’ancien président du Libéria avait été reconnu coupable, le 26 avril, de crimes contre l’humanité et crimes de guerre pour avoir aidé et soutenu les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) lors de la guerre civile en Sierra Léone (1991-2002). Les juges avaient cependant estimé que Charles Taylor n’avait pas le contrôle sur les chefs du RUF, tout en précisant qu’il avait planifié avec eux la prise de Kono et Kenema et l’invasion de Freetown, fin 1998 début 1999.
Le procureur avait requis une peine de 80 ans de prison, tandis que la défense du condamné, âgé de 64 ans, s’était opposée à une peine qui soit l’équivalent d’une condamnation à perpétuité. Mais les juges ont rejeté toutes les circonstances atténuantes qui avaient été invoquées par la défense.
Maître Courtenay Griffiths avait notamment évoqué le rôle de Charles Taylor dans les négociations de paix entre les rebelles et le gouvernement de Sierra Léone. « Il faisait partie des personnes sur lesquelles se fondait la communauté internationale », ont affirmé les juges, mais tout en favorisant les négociations, il incitait les rebelles du RUF à ne pas désarmer et n’a pas utilisé son pouvoir pour atténuer l’instabilité dans la région ».
Arrêté le 29 mars 2006 au Nigéria, Charles Taylor n’a pas été jugé à Freetown, siège du tribunal spécial, mais dans la banlieue de La Haye, aux Pays-Bas, à la demande de la présidente du Libéria. Ellen Johnson Sirleaf qui avait souhaité que le procès soit délocalisé pour éviter toute déstabilisation de la région.
Les autorités néerlandaises avaient accepté que le procès se tienne sur leur sol, à la condition qu’un pays tiers se porte candidat pour l’accueillir en cas de condamnation. Le Royaume Uni avait finalement accepté. Charles Taylor devrait donc y être transféré, si sa responsabilité est confirmée en appel.