Une fois de plus, un forum tripartite Cameroun-RCA-Tchad a tenté de trouver une solution efficace et durable à un vieux problème récurrent : assurer un transit fiable, fluide, compétitif et sécurisé le long du corridor routier Douala-N’Djaména et Douala – Bangui. Les travaux ont pris fin le 29 juin dernier à Yaoundé. Les chefs des délégations des trois pays se sont accordé à reconnaître la complexité des sujets à l’ordre du jour dont la réactualisation de la règlementation au niveau du port de Douala, l’accélération dans l’enlèvement des marchandises , la maîtrise des coûts de transport et des délais de passage qui devraient passer de 16 à 6 jours ainsi que la sécurisation du transit des marchandises.
Le quotidien Cameroun Tribune rend compte des travaux dans son édition du 29 juin 2012. Le journal mentionne que la pierre d’achoppement de toutes les concertations menées à ce jour se trouve dans ce que tous les responsables concernés appellent les tracasseries. En résumé, il s’agit de malversations opérées aux barrières illégalement érigées le long du corridor. Les voyageurs sur l’axe Bangui – Douala, dans les deux sens en savent quelque chose.
Officiellement, il n’y a que trois barrières entre Douala et Bangui. S’agissant des barrières illégales, le ministre camerounais des Transports, Robert Nkili, les a définis au cours des travaux comme des « chek-point bizarres au sein desquels il y a des contrôles inopinés et illégaux ». Il s’en est institué, dit-il, 148 au total. Mais il ajoute aussitôt qu’ils ont disparu.
Cependant, les chefs de délégations tchadienne et centrafricaine les trouvent toujours d’actualité, relevant, par ailleurs, que les tracasseries ne concernent pas seulement la RCA et le Tchad mais aussi les opérateurs économiques camerounais. La ministre centrafricaine du Commerce et de l’Industrie a même affirmé que les tracasseries routières sont bel et bien une réalité de part et d’autre de la frontière entre les deux pays. Tout au long des 1700 km entre Douala et Bangui, ajoute-t-elle, les opérateurs économiques souffrent des barrières légales et illégales. Ce qui n’est pas dit explicitement, c’est que les barrières de contrôle, légales ou non, sont mises en œuvre par les forces de l’ordre et les services douaniers chargés exclusivement de faire respecter les règles officiellement établies.
Si le Cameroun, la RCA et le Tchad se mobilisent encore pour combattre les tracasseries, c’est parce qu’elles persistent et portent un coup dur aux activités des opérateurs économiques des trois pays, aux recettes fiscales et douanières et à l’image de ceux-ci ainsi qu’aux efforts d’intégration régionale. Les tracasseries routières entraînent des augmentations des coûts que l’opérateur économique répercute sur le consommateur. A cause d’elles, les pays continentaux ayant Douala comme ouverture sur la mer seraient tentés de trouver des couloirs de transit ailleurs qu’au Cameroun. Les propos du chef de la délégation tchadienne sont révélateurs à cet égard. Il faut rappeler à cet égard, la récente demande tchadienne d’intégrer la CEDEAO. Sans doute pour bénéficier d’un accès aux ports du Nigéria. Mais où peut bien aller la RCA, en dehors de Douala ?
Pourtant la volonté politique d’intégration au sein de la CEMAC demeure pourtant constante au niveau des chefs d’Etat. Pour parler sans ambiguïté, ce combat qui dure sans grand succès contre les tracasseries et notamment les barrières illégales se ramènent en gros à la lutte contre la corruption.
RNL (avec Cameroun Tribune)