Partira, partira pas ? C’est l’interrogation qui circule parmi les habitants de la ville de Ippy (centre-est). C’est dans cette ville que les opérations de l’extradition des éléments rebelles du front Populaire pour le Rassemblement (FPR) doivent démarrer. Ces hommes armés du Général tchadien Baba Ladé sont toujours éparpillés et donc difficile à rassembler pour la bonne marche des opérations.
Joint au téléphone par la Rédaction de Radio Ndeke Luka ce jeudi, un habitant de cette ville a indiqué que « le début de leur rapatriement, prévu pour ce 4 octobre 2012, n’est pas effectif : aucun rebelle ne se trouve sur le site de leur rassemblement situé au Lycée de la ville. La mission chargée de la mise en route de ces hommes du FPR a été obligée de se rendre à 45 kilomètres pour les ramasser ».
Cet habitant a affirmé que « les hommes de Baba Ladé ne veulent finalement pas rentrer au Tchad sous prétexte que la saison des pluies ne leur est pas favorable pour ces opérations. D’autres ont d’abord exigé le départ des femmes, des enfants et des personnes du 3ème âge avant le tour des rebelles proprement dit ».
« Malgré ces énergies mobilisées pour extrader ces rebelles dans leur pays d’origine, certains continuent de racketter la population civile. La population aurait même souhaité une solution militaire à ce problème des hommes de Baba Ladé qu’une entente avec les problèmes qui se profilent aujourd’hui à l’horizon. Cette population craint que la mission n’échoue partiellement et qu’elle ne soit toujours prisonnière de ces hommes du FPR », a-t-il poursuivit.
Le paradoxe dans cette situation a ajouté l’habitant, est qu’ « au moment où les opérations se déroulent, certains rebelles continuent de former d’autres troupes en maniement d’armes. D’autres se sont d’ailleurs enfuis avec leurs armes ».
Dans la classe politique, les réactions ne se font pas attendre. D’après Joseph Béndounga, président du Mouvement Démocratique pour la Renaissance et l’Evolution de Centrafrique (MDREC) parti de l’Opposition, procéder au rapatriement des rebelles avec les armes en mains peut créer une psychose au sein de la population. Le rapatriement de ces pilleurs et tueurs est un grave danger pour la population centrafricaine. Leur extradition exige de séreux programmes intégrant leur réinsertion véritable dans leur société pour éviter un retour à la case départ.
Pour Cyriaque Gonda, ancien ministre d’Etat à la Réconciliation nationale, et président du Parti National pour un Centrafrique Nouveau (PNCN), parti politique de la mouvance présidentielle, « nous encourageons le gouvernement à aller dans ce sens. Il doit en même temps sécuriser ses frontières de façon à ce que les rebelles ne reviennent plus et garantir ainsi une paix durable. Nous sommes fatigués de voir notre pays devenir un lieu où écument les bandits de grand chemin qui terrorisent et tuent à volonté ».
Notons que le rapatriement des hommes du FPR est piloté par la Médiature centrafricaine en partenariat avec le Bureau Intégré des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix en République Centrafricaine (BINUCA) et la Mission de la Consolidation de la Paix en Centrafrique (MICOPAX). Il est lancé après l’extradition de Baba Ladé en septembre dernier suite à sa reddition aux autorités centrafricaines.
Les parties en présence ont réquisitionné 14 véhicules déjà déployés à Ippy pour ces opérations. Des opérations qui font suite à un accord tripartite entre les gouvernements centrafricain, tchadien et Baba Ladé.