La liste des nouveaux membres du gouvernement de transition publiée le 3 février 2013 est loin de faire l’unanimité au sein de la classe politique centrafricaine. Les réactions fusent déjà de toutes parts. D’abord, à l’annonce de cette liste tant attendue, ce sont les concernés directs : le patron de la primature maitre Nicolas Tiangaye. Il s’est dit le premier à « être surpris par la décision unilatérale de François Bozizé : sa marge de manœuvre a été ainsi réduite avec la nomination à ses côtés d’un ministre délégué », d’après des sources concordantes.
L’autre poids lourd a dénoncé la même liste, toujours de ces sources a été le nouveau ministre des eaux, forêts, chasse et pêche, l’environnement et de l’écologie Mohamed Moussa Dahfane, un des leaders de la coalition des rebelles de la Séléka. Ce dernier a clairement indiqué qu’ « il ne siègerait pas dans ce nouveau bateau Tiangaye orchestré par le maitre de Bangui François Bozizé ».
Dans la même foulée, la réaction de la Société civile ne s’est pas fait attendre. Gervais Lakosso, membre de la coordination du groupe de travail de cette plate forme a précisé que « la société civile apprécie la mise en place de ce gouvernement. Seulement, il déplore le nombre des responsables des partis politiques inclus dans ce gouvernement. Pour lui, le gouvernement n’est pas technocrate mais plutôt politique avec l’entrée justement sur scène de plusieurs partis politiques ».
L’autre mécontentement a émané du Collectif Touche pas à ma Constitution de France. Joint au téléphone par Radio Ndeke Luka, Godefroy Gondje, un des leaders de ce collectif a expliqué que « parler d’un gouvernement en République Centrafricaine à ce jour, c’est parler d’une équipe capable de conduire la destinée du pays. Or, ce qui s’est passé a été juste un partage du gâteau. Et, avec cette allure, le pays se dirige d’ailleurs vers un cataclysme constitutionnel ».
L’homme de la rue n’a pas été aussi du reste. « Il y’a moins de femmes. On n’a pas respecté la représentation géopolitique dans cette nouvelle équipe. Nous sommes déçus », ont déclaré certains. D’autres ont mentionné qu’il a été « une bonne chose d’avoir cette équipe. Toutefois, le gros du travail restera la reconnaissance du maçon au pied du mur ».
A titre de rappel, le nouveau gouvernement compte 33 membres dont 3 femmes, 2 vices Premiers ministres, un ministre d’Etat, 7 ministres délégués. Il a été la résultante de l’accord de Libreville signé en janvier dernier entre 5 entités du pays. Un accord issu de la crise liée à l’insécurité en République Centrafricaine.