Quelques temps après la signature de l’ordonnance portant création du Conseil Supérieur de Transition (CST) en République Centrafricaine, des réactions fusent de toute part. Le Collectif des partis et associations d’opposition démocratique, les Organisations de la Société civile centrafricaine et l’Union des Journalistes de Centrafrique (UJCA) se sont retrouvés pour contester la configuration de cet organe publié le 06 Avril dernier par Michel Djotodia, président auto proclamé de Centrafrique.
« L’absence du consensus a fait que le document signé est plein d’erreurs. Le collectif s’étonne de ce qu’on parle aujourd’hui de majorité et d’opposition alors qu’il n’y a plus de majorité ni d’opposition. En réalité, l’opposition était une opposition au régime de François Bozizé, ça c’est une erreur grave » a fait remarquer Me Blaise Fleury Hotto, porte parole du Collectif des partis et associations de l’opposition qui demande l’annulation de l’ordonnance portant création du CST.
Pour ce Collectif, la procédure de la mise en place de ce conseil n’a pas été respectée : « Il est quand même curieux que l’ordonnance vise en son article 2, 4ème point que le CST aura les mêmes prérogatives qu’une assemblée sauf le droit de vote d’une motion de sanction. Cela est quand même extraordinaire dans la mesure où, la motion de censure est une procédure qui permet à tout organe de pouvoir contrôler les actions du gouvernement. Si à l’époque dans l’Accord de Libreville, ce droit a été soustrait à l’ancienne assemblée, mais c’est justement parce qu’on reprochait le caractère monocolore de cette ancienne assemblée ».
Le collectif des partis et associations de l’opposition invite donc le président Michel Djotodja à constater l’insidieuse reproduction du modèle de l’ancien Conseil National de Transition de 2003 et le prie alors de revenir sur cette décision pour permettre la bonne marche de la transition.
Du côté des organisations de la Société civile centrafricaine, le texte de la création de cet organe de transition n’a pas trouvé un écho favorable. Les organisations membres exigent cependant, la mise en place d’un cadre de concertation.
« Nous avons rejeté cette ordonnance parce que notre pays traverse encore une crise qui est due au fait qu’on ne s’est jamais assis autour d’une table pour pouvoir discuter des questions réelles de notre pays. Au retour du Sommet de N’djamena, tous les compatriotes devraient s’assoir autour d’une table pour faire le compte rendu. Curieusement, on s’est rendu compte que le gouvernement n’a pas contacté la Société civile et a mis en place un CST, ce qui n’est pas normal. Nous ne voulons plus de cette manière de gouverner parce que c’est ce qui a fait que notre pays traverse une crise aujourd’hui » a déclaré Valérie Blandine Tanga, membre du Réseau des femmes croyantes médiatrices de la paix.
Cette prise de position des Organisations de la Société civile centrafricaine est intervenue suite à une réunion tenue le 7 avril dernier à Bangui. La rencontre a regroupé une soixantaine de personnes issues du Patronat, de l’Organisation des Femmes Centrafricaines (OFCA), des Organisations Non Gouvernementales (ONG), des Organisations de défense des Droits de l’Homme, ainsi que celles de la jeunesse.
La presse centrafricaine également n’est pas restée en marge de ces réactions. Les membres de l’Union des Journalistes de Centrafrique (UJCA) réunis en assemblée le 7 avril dernier, ont contesté quand à eux le quota qui leur a été fixé.
« Nous avons un peu mis en doute le quota qui nous a été attribué ; nous avons près d’une cinquantaine de journaux dans le pays, des radios communautaires à travers la République et si on prend d’autres confrères de la presse privée qui viennent se griffer à toutes les organisations des médias, nous nous sommes rendus compte que, ce quota est vraiment minable et il n’est pas représentatif de toute la presse centrafricaine » a fait savoir Chérubin Raphael Magbatotama, journalise membre de l’UJCA.
A titre de rappel, selon le texte de l’ordonnance, 97 membres devront composer cet organe constituant et législatif dénommé Conseil supérieur de transition.