La situation sécuritaire en Centrafrique devient de plus en plus dégradante. Il ne se passe pas un jour où les éléments de Séléka tuent où se font parler d’eux. Les tueurs ou encore les bourreaux ne sont jamais inquiétés. Toute la population de la capitale ainsi que celle des provinces se disent très inquiètes et désemparées.
L’assassinat des passagers d’un véhicule de transport en commun samedi dernier au Pk9 route de Mbaïki est vivement condamné par les organisations des Défense des Droits de l’Homme.
Maître Bruno Hyacinthe GBIEGBA, Ancien Président de l’Association des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture et la Peine de Mort ACAT, dénonce ces pratiques et appelle les nouvelles autorités centrafricaines à faire comparaître les auteurs de ces crimes en justice pour qu’ils répondent de leurs actes.
« …On ne peut pas accepter ces exécutions extra judiciaires. Cela met encore en danger la population. Nous sommes dans l’inquiétude. Depuis le 24 mars, on n’a suspendu aucun parti. Le parti KNK est représenté dans l’actuel gouvernement parce que nous entrain d’aller dans le cadre d’une transition inclusive et consensuelle. Si on me dit que c’est seulement à cause des tee-shirts qu’on a froidement abattu dix personnes, je dis que c’est trop grave et j’appelle une fois le gouvernement à prendre ses responsabilités pour mettre fin à cela » martèle Me GBIEGBA.
En guise de mécontentement, les transporteurs de l’axe Bangui-Mbaïki observent ce mercredi 17 juillet un arrêt de travail d’un jour pour protester contre cet assassinat. Le mouvement a été suivi à 100% par les transporteurs.
Devant cette situation d’insécurité, certains responsables religieux haussent le ton. Ils estiment que la responsabilité de ces multiples cas d’assassinat et de traitements inhumains et dégradants de ces derniers jours incombe aux autorités du Gouvernement de Transition. Ces responsables religieux rejettent désormais la terminologie « d’éléments incontrôlés » et appellent les croyants à la vigilance, la tolérance, la prière et le sang froid pour ne pas tomber dans la tentation d’un conflit religieux.
« Avant nous constations tous que les éléments Séléka étaient en tenues militaires, mais depuis que le désarmement a commencé, on voit rarement les éléments en tenue militaire, nous voyons la plupart des éléments Séléka en tenue civile et en armes, tout ça au su et au vu des éléments de la FOMAC, au su et au vu de la communauté internationale, au vu et au su des autorités de ce pays. Ils sont là, ils se promènent avec des armes. Est-ce qu’on peut les appeler des éléments incontrôlés ou bien on peut dire que ce sont des éléments déshabillés pour d’autres activités » déclare Pasteur Nicolas GUEREKOYAME-GBANGO, président de l’Alliance des Evangéliques en Centrafrique.
.Ces hommes déshabillés armes à la main sèment la terreur, procèdent à des enlèvements ou encore arrestations arbitraires. Un soldat de 1ère classe nommé Oswald SANZE des Forces Armées Centrafricaines, FACA, a été enlevé ce mardi 16 juin à son domicile avec deux de ses frères cadets au quartier Foûh dans le 4ème Arrondissement de Bangui.
Selon l’un des membres de la famille éprouvée, l’un des deux cadets Boris WIYENGUE, élève en classe de Terminale C au Lycée Barthélemy Boganda, a été tué sur-le-champ et à bout portant. Le soldat a été tué plus tard et son corps jeté à la morgue de l’Hôpital Communautaire. Le troisième prisonnier mort ou vivant est encore introuvable comme l’a expliqué à Radio Ndeke Luka un des proches parents.
« C’est aux environs de 22 heures qu’un véhicule transportant les éléments de la Séléka est rentré par la ruelle de la morgue de l’hôpital de l’Amitié. Ils ont tiré longtemps sur la maison de mon grand frère où dorment mes deux petits frères. Par la suite, ils ont ligoté mon grand frère et l’un des deux cadets et les ont conduits vers une destination inconnue avec le corps sans vie de Boris WIYENGUE. Après les recherches, nous avons retrouvé le militaire à la morgue de l’hôpital communautaire. Nous ignorons le lieu de détention de l’autre, est-ce qu’il est vivant ou mort, nous n’en savons pas grand-chose. Nous sollicitons l’indulgence du chef de l’Etat, du ministre de la défense et du chef d’Etat Major des Armées afin de retrouver notre frère » explique ce proche parent des victimes.
Dans le 5ème arrondissement au quartier Sayez-Voir, un couple a aussi été victime de torture mardi matin. Il s’agit d’une femme enceinte d’environ 5 mois et son époux qui ont été passé à tabac. L’acte d’après l’une des victimes est attribué aux éléments de la Séléka basés à la Section des Recherches et d’Investigations (SRI). La femme enceinte est transportée à Radio Ndeke Luka. Son corps est couvert des stigmates laissés par le traitement qui lui a été infligé. Elle retrace son calvaire les larmes aux yeux.
« Certains sujets musulmans ont accusé mon mari de braqueur. Ce mardi très tôt le matin, des éléments de la Séléka sont arrivés chez nous à domicile. Aucune preuve n’a été trouvée. Ils ont tout simplement décidé de nous embarquer. Nous sommes torturés dans le véhicule du quartier à la SRI. Une femme Séléka m’a demandé de m’allonger et elle m’a frappé bien que je lui ai dit que j’étais enceinte de cinq mois. Elle n’a pas voulu comprendre et m’a déclaré qu’elle va faire sortir le fœtus par ma bouche. Le capitaine l’a encouragé à me taper davantage et que le pouvoir leur revient de droit en tant que musulmans. Ils m’ont jeté dehors au moment où j’ai commencé à perdre le liquide amniotique et du sang. Mon mari a été battu jusqu’au point de vomir du sang avant de l’amener dans une direction que j’ignore. Est-ce pour le tuer? » se lamente cette femme enceinte.
Ce même mardi à Kagamangoulou dans le 4e arrondissement de Bangui, c’est un officier des Forces Armées Centrafricaines, FACA qui a été pris pour cible par ces éléments de la Séléka.
Les assaillants ont emporté un téléviseur, un ordinateur portable, des tenues militaires et de l’argent.
«Ce mardi aux environs de 19 heures 30 minutes, un véhicule 4/4 à bord duquel plusieurs hommes en treillis, armés jusqu’aux dents ont forcé le portail d’un habitant du quartier Kagamangoulou. Les jeunes ont aussitôt commencé le concert de casserole ce qui a permis aux braqueurs de prendre fuite. Et comme je suis militaire, je suis allé au travail. Peu de temps après ma femme m’a appelé pour me dire que trois avec des Séléka lourdement armés sont entrés dans le quartier. Aussitôt, j’ai appelé vainement les numéros 116, 115. J’ai réussi avec le 119 où la personne m’a dit que ce sont des éléments de patrouille militaire. Ils ont constaté qu’il y eu un cas de braquage dans le secteur voilà pourquoi ils sont descendus sur le terrain. Mais ma femme m’a encore rappelé pour me signaler que la porte est défoncée et que le poste téléviseur, le poste radio, mon ordinateur portable, mes documents voire mes effets militaires sont emportés. On nous a interpelé et au moment où nous avons repris le travail que ceux-ci vont me dépouiller de mes effets militaires, ce que je ne comprends pas » déplore ce militaire.