Bouca a du mal à se remettre après les derniers évènements survenus dans la région le lundi dernier. Selon Aboubacar Ismaïl Mahamat, l’imam de la localité, une équipe de la Croix Rouge se trouve en ce moment dans la ville pour secourir les personnes déplacées.
«Pendant l’attaque, les assaillants ont incendié des maisons. Les agresseurs ont tué des enfants et des femmes. Nous avons enseveli au total quarante une personnes. Jusque là, nous ignorons tout des mobiles de cette attaque » explique l’imam de Bouca.
Un habitant de la ville joint au téléphone sous couvert de l’anonymat a déclaré que les habitants qui ont trouvé refuge en brousse demandent aux autorités centrafricaines de voler au secours des populations en danger.
« Précisément à Bouca, la population est pourchassée dans les champs. Beaucoup sont tués et d’autres pris en otage. Des corps inertes jonchent encore le sol. Les Anti Balaka se sont retirés à 10 km de la ville » raconte cet habitant.
Pendant ce temps à Bossangoa, les lignes téléphoniques ne sont toujours pas rétablies.
Dans la préfecture de la Ouaka, des éléments armés incontrôlés, assimilés à des faux Séléka, sèment la terreur au nom de la coalition Séléka à Bambari située au centre-est de la République Centrafricaine.
Depuis une semaine déjà, des détonations d’armes lourdes sont entendues ça et là dans la ville. Des rumeurs d’une attaque similaire à celle de Bossangoa circulent. La psychose est généralisée.
Nombreux commerçants ont quitté le marché Bornou, situé dans le milieu musulman, d’autres se réservent de vaquer à toute activité génératrice de revenu. Les activités scolaires sont presque paralysées. Les parents et beaucoup d’élèves craignent pour la sécurité de leurs enfants face à l’agression de ces hommes en arme.
Face à ces rumeurs généralisées, les autorités administratives, locales et militaires de la Ouaka se sont réunies ce jeudi à l’hôtel de ville de Bambari. La rencontre vise à réfléchir sur les dispositions sécuritaires à prendre en vue de déceler les faux Séléka et les auteurs de ces rumeurs.
Le maire intérimaire de Bambari Didier Wangaye a déploré ces crépitements d’armes.
Le représentant du préfet de la Ouaka, Bienvenu Juvénal Bikpi précise que des mesures sécuritaires doivent être prises à l’encontre de ces faux Séléka.
Afin de mieux les déceler, les responsables des Forces de sécurité de Bambari, préconisent faire des patrouilles nocturnes, stopper tout véhicule entrant dans la ville après 20 heures.
L’Alliance des Evangéliques en Centrafrique (AEC) déplore la tragédie que connaissent la population civile et les personnes vulnérables en RCA.
Selon un communiqué rendu public par l’AEC, il est important que les centrafricains vivent en paix. L’alliance regrette le comportement belliqueux et les actes irresponsables qu’affichent certains hommes politiques menant à des violences dans le nord-ouest de Centrafrique, où des chrétiens et des musulmans ont été massacrés.
L’alliance constate que cette crise est en train de prendre un virage dangereux avec les représailles dans les villes de Bouca et Bossangoa, où déjà deux (2) agents de l’ONG ACTED ont été froidement tués.
L’AEC condamne tous ces agissements et appelle les communautés centrafricaines à ne pas céder à la tentation du clivage interreligieuse, de demeurer lucide et de s’éloigner des prises de positions basées sur l’appartenance religieuse.
L’Alliance des Evangéliques en Centrafrique demande au gouvernement centrafricain de prendre des mesures pour restaurer la paix et la sécurité sur l’ensemble du territoire national.
L’AEC appelle le peuple centrafricain à rechercher le dialogue comme solution à une sortie de crise, afin de consolider les acquis contenus dans les accords de Libreville.