La population de Paoua dans l’Ouham Péndé au nord de la République Centrafricaine doit se souder pour éviter des affrontements inter religieux dans la région. C’est l’appel lancé aux habitants de cette ville par la mission parlementaire et gouvernementale envoyée par Bangui.
L’objectif de cet appel est d’éviter la même situation qu’ont connue les habitants de Bossangoa ces derniers jours. La mission parlementaire et gouvernementale voudrait dissuader la population de faire usage de la violence pour se défendre. Au cours d’un meeting tenu le mercredi à la gare routière de Paoua, la 1ère vice présidente du Conseil National de Transition (CNT), Léa Koya-Soum-Ndoumta, a rassuré la population que les nouvelles autorités du pays portent une attention particulière à leurs revendications. Elle a en outre demandé à cette population de ne pas céder aux manipulations des poliiiques. Edgard Baïkoua, le conseiller national de l’Ouham Péndé et la ministre des Affaires Sociales, Lucille Mazangué, ont pratiquement délivré le même message, en appelant la population au calme.
Cependant, les représentants de la population ont percé l’abcès en demandant le désarmement immédiat des ex-combattants de la coalition Séléka, leur cantonnement, le désarmement des éleveurs peulhs et le redéploiement des forces armées centrafricaines, la gendarmerie nationale et la police centrafricaine dans la localité.
Pour la population, c’est le seul moyen de garantir le bien-être aux habitants afin de leur permettre de vaquer librement à leurs occupations. Entretemps, la situation humanitaire reste catastrophique. Selon une source proche de la Croix rouge Centrafricaine locale, les violences ont fait déplacer plus de huit mille huit cent (8.800) personnes. Cette source indique que quatre vingt deux (82) morts et cent sept (107) blessés ont été recensés. Soixante dix (70) cas de viols, sept cent douze (712) maisons incendiées, mille six cent trente (1.630) bœufs emportés de force et trois mille sept cent (3.700) victimes de pillage sont inscrites sur la liste des exactions.
La mission de Bangui a fait don de médicaments et de vivres, composés de riz, du sel, des cartons de savon aux victimes.
Mais face à ces exactions dont elle est victime, la population de Paoua lance un vibrant appel aux autorités centrafricaines. Les habitants se disent exaspérés par les multiples exactions des éléments de l’ex-coalition Séléka basés dans la région.
Dans la ville, le chaos a pris le dessus, l’état de droit n’existe pas et la situation sécuritaire est horrible. Plusieurs centaines de personnes ont fui les violences pour se refugier à la gare routière de Paoua centre. Elles ont fait également l’objet des exactions des éléments de l’ex-rébellion Séléka au pouvoir depuis presque six (6) mois en Centrafrique. Les déplacés expliquent qu’ils sont poursuivis quotidiennement dans les champs, leurs greniers pleins de semences sont brûlés ainsi que leurs maisons. La situation au centre ville de Paoua est déplorable.
Les habitants ont relevé plusieurs cas d’assassinats des jeunes, des viols sur les femmes, des raquettes, des pillages systématiques de leurs troupeaux de bœufs, de cabris et leurs motocyclettes. Ils ajoutent que tous ces biens pillés prennent la direction du Tchad voisin.
Exaspérées, les populations appellent les autorités centrafricaines à désarmer rapidement les éléments de l’ex-rébellion Séléka présents dans la région et à tout mettre en œuvre pour le rétablissement de la paix et de la sécurité à Paoua. La population formule vœu de voir revenir les forces armée centrafricaines, les gendarmes et les policiers. Une source locale a précisé que cette revendication a été faite par les anciens éléments de l’Armée Populaire pour la Restauration de la Démocratie (APRD), qui menacent de reprendre les armes.
Mardi, les nouvelles autorités militaires ont tenu un meeting dans la ville pour appeler la population au calme et à regagner leurs maisons. Elles assurent être dans la ville pour la sécurité de la population. Cependant, certaines personnes craignent le retour du colonel Issa dans la ville. Eleveur, conducteur de taxi-moto et aujourd’hui colonel, ce dernier est accusé d’avoir commis beaucoup d’exactions sur la population civile.