La situation est de plus en plus tôt ce samedi à Bangassou. Des éléments de l’ex-rébellion Séléka ont attaqué les jeunes du 1er arrondissement de la ville. C’est en représailles des manifestations organisées vendredi par ces jeunes pour protester contre l’assassinat de deux des leurs, tués jeudi dernier. Selon les informations reçues ce samedi, les deux camps ont échangé des tirs nourris.
Il est encore difficile d’établir le bilan de ces échanges de tirs.
La majorité des habitants ont aussitôt fui dans la brousse sous la pluie, plusieurs autres habitants de Bangassou ont traversé la rivière Mbomou, pour se réfugier en République Démocratique du Congo.
L’inquiétude continue de gagner l’esprit des habitants de Bangassou. Les forces nouvelles basés dans la localité tuent et commettent des exactions de tout genre. Dépassés par ce qu’ils qualifient d’abus d’autorité, les jeunes des différents arrondissements de la ville sont montés au créneau. Le vendredi 4 octobre 2013, plusieurs d’entre eux sont descendus dans la rue pour manifester leur mécontentement.
Dans le 1er arrondissement, l’assassinat de deux (2) chauffeurs mécaniciens, survenu au cours d’une opération de force menée les hommes en uniforme dans la nuit de mercredi à jeudi est à l’origine ce mécontentement. L’opération a pour objectif de libérer le tronçon bouclé par les habitants du quartier Kémbéli pour permettre aux militaires en provenance de Djimbi, de regagner la ville de Bangassou. La maison d’un musulman, résidant au quartier Tchaka dans le 1er arrondissement, a été détruite par les jeunes en colère. Les habitants du 1er arrondissement ont du coup déserté le secteur par peur des représailles.
Et dans la même nuit, au moment des opérations de force qui ont eu lieu dans le 2e arrondissement entre les militaires et les habitants dudit arrondissement, des corps, dont on ignore le nombre, ont été retrouvés dans la ville.
A Bangui, la réaction ne s’est fait attendre. Evodie Nakoumbou, ancien député de la circonscription électorale de Bangassou 2, se dit dépassée par les crimes commis ces derniers temps dans cette région. Selon elle, la population vit dans la terreur. Mme Nakoumba demande aux nouvelles autorités du pays et également à la communauté internationale, d’œuvrer pour le retour de la paix dans cette partie sud-est de la République Centrafricaine.
« Je demande aux autorités du pays de tout mettre en œuvre pour ramener la sécurité dans le Mbomou. Nous sommes tous des centrafricains, nous avons toujours vécu ensemble. Pourquoi maltraiter, tuer la population ? Que les forces de la Fomac soient dépêchées à Bangassou pour ramener la sécurité et la paix dans cette ville. Nos ancêtres ont signé entre eux un pacte de non-agression. Que la population de Mbomou se souvienne de ça afin de faire la paix ».
Entretemps, le mercredi 2 octobre, une mission gouvernementale et religieuse, conduite par le ministre d’Etat aux mines, Herbert Djono Ahaba, est arrivée à Bangassou pour échanger avec la population sur les barrières illégales érigées sur les axes de la ville. Ces barrières illégales sont les principales raisons des mésententes entre la population et les forces de l’ordre de Bangassou. Ont fait partie de cette équipe, le ministre d’Etat à l’Equipement Crépin Mboli-Goumba, Mgr Dieudonné Nzapalaïnga, Archevêque de Bangui, le Pasteur Nicolas Grékoyamé, Président de l’Alliance des Evangéliques en Centrafrique (AEC) et l’Imam Kobine Layama, Président de la Communauté Islamique Centrafricaine (CICA). Le ministre Djono Ahaba a informé la population de la levée desdites barrières à compter du jeudi 3 octobre et ce, jusqu’à nouvel ordre. Le ministre d’Etat aux mines a saisi l’occasion pour annoncer à l’assistance le nouveau décret nommant les chefs des régions militaires. Herbert Djono Ahaba a demandé également aux jeunes de quitter la rue et de regagner leurs domiciles car leurs problèmes sont pris en compte et seront résolus progressivement.
L’Archevêque de Bangui, le Président de l’AEC et le Président de la CICA sont intervenus pour exiger des uns et des autres de privilégier le dialogue et d’éviter de généraliser les accusations portées sur les musulmans. En définitif, les trois représentants des insurgés ont reçu chacun une enveloppe de deux cent mille (200.000) francs CFA, remise par le ministre résident du Mbomou, Crépin Mboli-Goumba.
A titre de rappel, dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre 2013 sur l’axe Rafaï, le conducteur d’un taxi moto a été enlevé. Les habitants des 1er et 3e arrondissements de Bangassou se sont révoltés contre les hommes en treillis en faction sur la barrière située sur cet axe.