La ville de Bouar à 450 kms dans l’Ouest de la République Centrafricaine, est sous tension depuis ce matin. Des hommes armés assimilés à des anti-balaka ont fait irruption ce matin aux environs de 07h et ont encerclé la ville. « Des armes lourdes et de petits calibres ont été entendues. Les assaillants ont encerclé la ville. Nous sommes bloqués. On ne sait dans quelle direction fuir », rapporte un habitant de Bouar joint au téléphone par RNL.
Mais tôt le matin, la population qui était alertée de l’attaque de la ville, s’est mise en débandade. Certains ont réussi à regagner l’évêché, tandis que d’autres se sont réfugiés en brousse mais à proximité de la ville. « Dès que les armes ont commencé à être entendues, j’ai couru pour me réfugier à l’évêché. Mais là-bas, les lieux sont saturés. Il n’y avait plus de place. Je suis reparti chez moi où je suis resté terré avec ma famille », témoigne un habitant de la ville.
« Les assaillants ont dans un premier temps investi l’aérodrome de Bouar avant d’encercler la ville. Ils ont fait leur entrée à partir des pistes rurales débouchant sur Bohong et Bocaranga. Leur effectif varie entre 300 à 500 hommes. Il s’agit initialement des anti-balaka, mais qui ont reçu beaucoup de ralliements dans leur progression », précise un jeune commerçant de Bouar.
« Nous sommes sur le qui-vive en ce moment. La ville s’est vidée de sa population car les rumeurs annoncent que les assaillants vont d’un moment à l’autre attaquer tantôt le camp militaire tantôt les quartiers si bien que c’est une situation de panique généralisée. L’armée a effectué des patrouilles dans la journée pour rassurer les habitants », a-t-il ajouté.
C’est depuis plus d’une semaine que les rumeurs d’attaque de la ville de Bouar circulaient sur les lèvres.
Depuis quelques deux mois, la région militaire de la Nana-Mambéré est placée sous le contrôle mixte des éléments de la Fomac congolais et camerounais, des forces armées centrafricaines (FACA) placées sous le commandement du Général Dr Souleymane Saïd (ex-seleka soudanais), ainsi que des gendarmes et policiers.
La ville de Bouar, chef-lieu de la Nana-Mambéré est située sur la Route Nationale N°2, le principal axe qui dessert tout le pays à partir du Cameroun. La République Centrafricaine étant un pays enclavé, le Cameroun reste son plus grand pourvoyeur non seulement en produits de première nécessité, mais en tout produit de commerce général. Le blocage de cet axe serait fatal pour l’ensemble de la population centrafricaine.
Par ailleurs, le bureau de liaison de l’Union Africaine (UA) note une avancée significative de la situation sécuritaire dans le pays. La Représentante Spéciale de l’UA en Centrafrique, Hawa Ahmed Youssouf affirme qu’il y a une amélioration de la situation sécuritaire. Toutefois, indique-t-elle, le gouvernement centrafricain d’Union Nationale et la Communauté Internationale ont encore du travail à faire à Bangui et dans les villes des provinces. « Nous constatons qu’il un effort important de la part du gouvernement avec l’appui de la FOMAC. Nous avons un calme relatif dans la ville de Bangui. Nous ne rencontrons pas de pillage ou d’exactions comme nous l’avons vu il y a quelques temps. Il y a amélioration. Je peux dire qu’il ya encore beaucoup d’efforts à faire. Dans les préfectures, la population reste encore en brousse, dans la forêt. Elle a toujours peur de revenir là où elle habitait. A ce niveau, il appartient à la communauté internationale et au gouvernement de faire un effort pour que la population puisse revenir revivre dans des situations acceptables et alléger la souffrance de la population centrafricaine. Les situations de Bossangoa et Bouca dans le Nord du pays nous ont créés beaucoup de souci et continuent toujours à nous créer des soucis. La population a toujours besoin de denrées alimentaires pour survivre, elle a besoin des soins élémentaires, a besoin de vivre en paix ».