Selon une enquête menée par RNL, la cellule d’Etat pour la Défense des Acquis Démocratiques en abrégé CEDAD, est soupçonnée avoir une prison, dirigée en ce moment par un officier général de l’ex-coalition Séléka. Cette prison secrète, d’après les informations, serait logée dans une habitation située derrière le siège de la Compagnie Air France sur l’Avenue de l’Indépendance. Les personnes arrêtées et conduites dans les locaux subissent des actes des tortures, des traitements inhumains, dégradants, certaines sont mêmes tuées. Les conditions d’arrestation de ces personnes ne sont pas toujours élucidées. Beaucoup d’entre elles sont, pour la plupart, des hommes en tenue et souvent proche du régime de l’ancien président déchu François Bozizé.
Les témoignages recueillis révèlent aussi que cette cellule est dirigée par le n°2 de l’actuel régime au pouvoir depuis le 24 mars 2013. Elle succède au Bureau National de Documentation (BND) institué sous le régime du général Bozizé.
C’est un véritable service secret, spécialisé dans les enlèvements, les actes de tortures, les traitements inhumains et dégradants, le rançonnage voire les assassinats. Le fonctionnement de cette structure échappe totalement au contrôle des autorités judiciaires de la République Centrafricaine. Une source proche de cette cellule témoigne qu’elle a vécu des atrocités : « Une fois, j’étais dans la concession, les éléments ont amené deux militaires tous deux FACA qu’ils ont ligoté. Ils les ont torturés et traités comme des bêtes de somme. Parfois lorsqu’ils amènent les gens qu’ils accusent d’être proche de François Bozizé, ceux-ci sont immédiatement tués et cela n’est pas normal ».
La même source affirme qu’un jour, elle a vu certaines hautes autorités politiques et militaires du pays se rendre dans cette cellule en compagnie des éléments de la Force Multinationale d’Afrique Centrale (FOMAC) pour libérer un captif : « A deux reprises le président Djotodia est passé dans cette cellule, avec le ministre de l’intérieur, le chef d’Etat major et même les éléments de la FOMAC ».
Interrogées sur l’existence de cette prison, nombreuses sont les autorités du pays qui se sont abstenues de tout commentaire. Des affirmations font aussi état de ce que les membres de la CEDAD intiment parfois des ordres aux voisins de ladite cellule de se mettre à l’abri dans la soirée surtout pendant le transfert des personnes enlevées ou encore arrêtées. Un des témoins a même indiqué qu’il a été sérieusement passé à tabac, après avoir payé une rançon de deux cent (200.000) francs CFA pour obtenir la libération de son frère détenu dans ce lieu de détention.
A Bangui, les parents de Brice Ndéta, commerçant enlevé par des hommes en armes depuis plus d’un mois, continuent de réclamer sa libération. Il a été kidnappé dans sa boutique au centre-ville alors qu’il exerçait son activité de commerce. Selon ses parents, Brice Ndéta est maintenu au Camp de Roux à Bangui et que jusqu’à présent, ils sont empêchés de lui rendre visite. Ils se disent dépassés par cette arrestation arbitraire. Ils demandent aux autorités du pays la libération de leur parent.
Louise Boutou, mère de la victime sollicite l’intervention du Chef de l’Etat en vue de la libération de son enfant. « Cela fait un (1) mois et deux jours que je suis sans nouvelle de mon fils Brice Ndéta. Ces derniers jours, je suis informée qu’il se trouve au Camp de Roux. Il est commerçant et gérant de sa propre boutique, ce qui lui permet de s’occuper de ses enfants ainsi que moi. Il a été enlevé par les éléments de Séléka qui m’ont interdit de lui rendre visite pour avoir des informations sur sa santé. Si jamais, il aurait fauté, qu’il soit traduit en justice pour que lumière soit faite. Je demande au président de la République de me le relâcher. Nous sommes à la rentrée des classes et je ne sais quoi faire des enfants qui doivent reprendre le chemin de l’école ».
L’un de ses parents, Jean Baptiste Mandago, estime que les textes qui régissent les personnes mises aux arrêts ne sont pas respectés. « Le délai de garde à vu est largement dépassé et ses parents ne savent pas ce qu’il est devenu dans les locaux de sa prison au Camp de Roux ».
Dans la ville de Bangui, à Bégoua et Bimbo, il ne se passe pas un seul jour où un homme ne soit enlevé et conduit dans un lieu tenu secret, torturé et même tué. Et pourtant, la RCA a ratifié de nombreux textes qui garantissent le respect des droits humains.