Les diabétiques de la capitale centrafricaine ont célébré ce 14 novembre 2013 leur journée mondiale. Une vaste campagne de cinq ans a été lancée en 2009 autour du thème « Education et prévention du diabète ». Le programme de cette campagne a été aussi exécuté dans le monde et aussi en République Centrafricaine (RCA). Les diabétiques ont saisi l’occasion de la journée de ce mercredi pour faire la lumière sur la situation de leur prise en charge sur le plan médical. Ils ont montré que le diabète est une maladie comme les autres.
Albertine Bandarani est diabétique. Pour elle, le diabète n’est pas une fatalité. « Je vis avec cette maladie depuis quatre ans. Cette maladie est comme les autres maladies. Il suffit de se conformer aux conseils de son médecin et surtout contrôler le taux de glycémie chaque mois. Le médecin nous conseille de beaucoup marcher pour baisser le taux de sucre contenu dans le sang. Nous ne devons pas avoir peur car il y a bien d’autres maladies comme le paludisme, le cancer, la tuberculose… Si le diabète est bien traité, le taux baisse. On peut vivre avec le diabète au même titre qu’on vit avec le VIH/Sida ainsi que d’autres maladies ».
Philippe Kondji, Secrétaire général de l’Association des Diabétiques de Centrafrique (ADC), estime que le taux de prévalence du diabète est en croissance dans le pays : « C’est une journée qui permet de rappeler l’incidence, la cause, les symptômes, les complications et le traitement associés à cette maladie. C’est l’occasion de mettre l’accent sur la hausse de la prévalence du diabète en Centrafrique. D’après les statistiques, jusqu’autour des années 1999, le taux de prévalence dans le pays était de 3,18%. Or, d’après les dernières enquêtes menées par Dr. Koula Moutou en collaboration avec l’OMS, ce taux approche les 20%. En plus, le pays ne compte qu’un seul spécialiste pour tous les malades ».
Monsieur Kondji explique également que la prise en charge médicale est un réel problème pour les diabétiques à cause du coût excessif du traitement. « La situation actuelle des diabétiques est alarmante dans le pays à cause de l’accessibilité aux médicaments qui sont excessivement chers. Par exemple, pour les malades insulinodépendants, l’insuline coûte autour de 10.000 F CFA à la pharmacie et il vous en faut deux ou trois par mois. Et même ceux qui sont aux comprimés oraux, c’est pratiquement le même montant. Si vous êtes à l’insuline, vous devez payer les ingrédients, alcool, coton parce que vous devez vous injectez matin, midi et soir. A cela s’ajoute la seringue qui coûte 300 F CFA ».
Pour Dr. Gaspard Kouriah, chef de service de diabétologie à l’hôpital de l’Amitié de Bangui, le choix du thème « Education et prévention du diabète » revêt une importance capitale dans la prise en charge de cette maladie, « sachez que le diabète est une maladie chronique qui ne se guérit pas. Quand on est atteint de cette maladie, on peut être équilibré, c’est-à-dire avoir la glycémie à jeun inférieur ou égal à 1,6 g. Dans l’évolution de la maladie, 5 à 10 ans plus tard, on va atteindre les phases de complications, d’où la prévention secondaire nécessaire aux patients diabétiques pour qu’ils soient équilibrés, afin d’éviter les complications inévitables. Aussi, le diabète est une maladie héréditaire. En même temps, on doit éduquer et faire une prévention en amont. Les enfants issus d’un couple dont l’un est porteur de la maladie, auront beaucoup de chance de faire la maladie. Voilà le sens du choix de ce thème. La prévention, en réalité, coûte moins cher que la prise en charge ».
Si les campagnes thématiques s’étalent sur toute l’année, la journée est célébrée le 14 novembre pour marquer ou donner un sens à l’anniversaire de Frederick Banting qui, avec Charles Best, est le précurseur de la découverte de l’insuline en 1922.