Les conseillers nationaux sont résolus à prendre à bras le corps la situation sécuritaire en République Centrafricaine. Ils ont consacré les journées de mardi et mercredi à l’interpellation deux membres du Gouvernement d’Union Nationale de transition sur la question. Les échanges se sont déroulés au siège du Conseil National de Transition (CNT) à Bangui à travers un débat très houleux.
La sécurité publique et la Justice ont été les deux principaux points inscrits à l’ordre du jour de cette 4ème session extraordinaire du CNT dont les travaux ont pris fin ce mercredi à Bangui. Josué Binoua et Arsène Séndé, respectivement ministre de la Sécurité Publique et de la Justice ont été les ministres interpellés.
Le 1er a été interpellé mardi sur la situation sécuritaire en Centrafrique. Le second a répondu mercredi sur la recrudescence des crimes et délits graves commis sur l’ensemble du territoire, dont les auteurs ne sont nullement inquiétés par les responsables en charge.
Les conseillers se sont estimés insatisfaits des réponses fournies par Josué Binoua, ministre de la sécurité publique sur la question de la sécurité. Ils ont qualifié son argumentaire de superflu, ce que les centrafricains appellent « sango ti makara » en langue nationale. Idem pour le ministre Arsène Séndé de la justice dont les explications n’ont pas du tout convaincu les parlementaires sur le sujet.
Le ministre de la justice a reconnu la recrudescence des crimes et délits commis en Centrafrique, dans ses propos liminaires. Pour Arsène Séndé, face à la situation catastrophique, la justice ne peut mieux jouer son rôle que s’il y’a la sécurité, car il s’agit de deux institutions étroitement liées. « le problème de la recrudescence des crimes et des braquages dans notre pays est profond. Il y a un lien entre la sécurité et la justice. Je vous assure, sans la sécurité dan un pays, la justice ne peut rien faire. Vous savez, la justice travaille avec la police et la gendarmerie. Quand quelqu’un commis un crime, il faut que la police et la gendarmerie l’appréhendent pour que la justice fasse son travail ».
A l’issue de cette 4ème session extraordinaire du CNT, une résolution constituée de 10 points a été adoptée. Cette résolution prévoit le rétablissement de la paix et de la sécurité afin de conduire le pays vers la voie du développement, y compris l’interdiction de circuler à moto au-delà de 18 heures et le rétablissement des Forces Armées Centrafricaines (FACA) dans leur fonction dans un bref délai, comme exprimé par Alexandre Ferdinand Nguéndet, président du CNT : « les conseillers nationaux ont arrêté une résolution en dix points. D’abord la nomination d’un ministre au sein de la défense nationale et d’un ministre en charge de la communication, la dissolution du CEDAD et un appel à l’intention du gouvernement afin qu’il prenne ses responsabilités pour assurer la défense du peuple centrafricain et l’intégrité territorial ».
Les conseillers nationaux promettent que, si des actes concrets ne sont pas mis en œuvre dans l’urgence après cette 4ème session, ils mettront à profit les moyens coercitifs en leur possession pour contraindre le gouvernement de la transition à prendre ses responsabilités.
Par ailleurs, les Etats-Unis se disent préoccupés par la situation en Centrafrique. Ils ont annoncé mercredi la libération de 40 millions de dollars, soit environ plus de 19 milliards de francs Cfa, pour la future force de maintien de la paix de l’Union africaine notamment la Mission de Soutien à la République Centrafricaine (MISCA).
Le secrétaire d’Etat John Kerry, qui a mis nommément en cause l’alliance rebelle de la Séléka affiliée au gouvernement, a déclaré dans un communiqué que : « les Etats-Unis ne voient aucune preuve que le gouvernement de transition de la République centrafricaine a la capacité ni même la volonté politique de mettre fin aux violences ». John Kerry appelle la communauté internationale à soutenir la Misca « afin de rétablir la sécurité dans le pays » à travers le déploiement de 3600 soldats environ.
Mercredi déjà, François Hollande a appelé la communauté internationale à « agir » en Centrafrique. Il dénonce les exactions qui se déroulent dans ce pays en proie au chaos.