La psychose règne depuis mardi dans la région de Boali, suite à l’attaque lundi dernier d’un campement de peulhs situé à 30 km de la ville par les milices anti-balaka. Mardi, certains éléments de l’ex-coalition rebelle Séléka ont fait irruption à Boali pour des représailles. La plupart des habitants se sont aussitôt refugiés en brousse. L’assassinat d’un chef de quartier dont les circonstances ne sont pas bien élucidées en est la cause.
Il est difficile de dire avec exactitude ce qui se passe actuellement sur le terrain. Les liaisons téléphoniques sont devenues pratiquement impossibles ce mercredi entre Bangui et Boali. Par contre, à 40 km de Bangui sur cet axe, la panique a gagné la population qui s’est enfui dans la brousse. Une habitante, jointe au téléphone ce mercredi et qui a requis l’anonymat, exprime son ras-le-bol : « ils étaient lourdement armés et ont commencé à tirer, faisant fuir toute la population en brousse pour enfin établir leur base au Pk45. Nous ne pouvons pas vivre en brousse. Nous avons de quoi à faire. Nous avons besoin de vivre comme les autres ».
Cette attaque, attribuée aux milices anti-balaka, a été sévèrement condamnée mardi par le Gouvernement de transition d’Union Nationale. Selon Gaston Mackouzangba, ministre de la Fonction publique et porte parole du Gouvernement, « Le Gouvernement d’Union National de transition condamne, une nouvelle fois avec vigueur, cette agression qui ne saurait refléter l’esprit de la République créé par Barthélémy Boganda. Le Chef d’Etat de la transition et son gouvernement restent déterminés à restaurer la sécurité et l’autorité de l’Etat dangereusement menacées ».
Selon certaines sources, environ six (6) personnes seraient retrouvées mortes à Boali et ses environs, suite aux représailles des ex-éléments de la Séléka dans la zone. Alors que lundi, une dizaine de peulhs auraient été tués par les assaillants.
Le commandant Assamani Tidiani de l’ex-coalition Séléka demande, pour sa part, aux centrafricains d’œuvrer pour le développement du pays. Il appelle les habitants réfugiés en brousse à regagner le village. « Je demande aux centrafricains d’arrêter de se tuer. Le pays veut retrouver la quiétude. En usant de violence, la sécurité ne pourra pas s’installer en Centrafrique. J’invite donc les habitants à regagner le village. Il n’y aura pas de représailles. Seule la justice pourra dire le droit quant à l’assassinat ».
« Il n’y a pas de place pour la guerre de religion entre chrétiens et musulmans en Centrafrique. La religion et la politique sont deux réalités différentes. Chrétiens et musulmans doivent œuvrer ensemble pour le développement de Centrafrique » a précisé Séyine Tidiani, un parent d’une victime à RNL.
En rappel, la situation était montée d’un cran lundi à Boali dans l’Ombella M’Poko. Des hommes armés, assimilés à des milices anti-balaka, ont attaqué un campement de peulhs. Le bilan de cette attaque faisait état de plus de 12 morts et une dizaine de blessés parmi lesquels, plusieurs femmes et des enfants de moins de dix (10) ans dont un nouveau né.
Les blessés ont été transportés mardi sur Bangui pour des soins. Les enfants ont été conduits au Complexe Pédiatrique et les adultes, à l’hôpital communautaire. Leur cas à été d’abord présenté aux professionnels de la presse nationale et internationale, à la Section des Recherches et d’Investigations (SRI) avant leur orientation dans les formations sanitaires.