La population du 5e arrondissement et une partie des habitants du 8e se sont réveillées ce mardi matin avec des détonations d’armes lourdes et automatiques. La tension a été très vive surtout dans le 5e arrondissement. D’après les témoins des évènements, l’incendie des literies et meubles en vente au rond-point du 5e arrondissement par un groupe de musulmans venus du quartier Camerounais dans le 3e arrondissement cette nuit a été à l’origine de ces tirs d’armes de guerre. Alertés, les propriétaires, réfugiés sur le site de l’aéroport international Bangui M’Poko, sont venus constater les dégâts.
Pris de colère, ils ont aussitôt empêché la circulation en brûlant des pneus au niveau du rond-point et ont saccagé les propriétés appartenant à certains sujets musulmans. Les autres musulmans du secteur sont sortis à leur tour, armés de fusils de guerre et d’armes blanches. Toujours selon les témoins, ces musulmans ont procédé à quelques scènes de pillages. Le déploiement des soldats burundais dans le secteur a permis de calmer momentanément la tension. Les habitants, pris de peur, sont restés terrés chez eux, tandis que d’autres ont simplement quitté leur quartier.
Par ailleurs sur le site de l’église catholique Saint Charles Lwanga au Pk13 route de Boali, les 25.000 déplacés internes se disent être abandonnés à leur triste sort. Depuis cinq (5) jours, ils vivent dans une insécurité totale. Selon un habitant de ce site joint par RNL, les combats, qui opposent les milices « anti-balaka » aux éléments de l’ex-coalition rebelle Séléka, empêchent les organisations humanitaires de leur apporter des vivres.
Même situation dans la commune de Bimbo, où les déplacés du site du Grand séminaire Saint Marc lancent un cri de détresse. Ces déplacés, au moins 7500 personnes, ont fui les violences dans les parties nord de la capitale pour se retrouver sur ce site. En dépit des aides médicales apportées par certaines organisations internationales parmi lesquelles la Croix Rouge Internationale (CICR) et DRC, ces personnes manquent de nourriture et appellent le Programme Alimentaire Mondiale (PAM) à leur secours. Ces déplacés, en majorité des femmes et des enfants, se plaignent aussi que de multiples enregistrements de noms sont faits par des organisations, qui malheureusement n’apportent aucun appui derrière.
Ailleurs à Damara situé à 75 Km au nord de Bangui, la panique générale s’est installée au sein de la population. Les habitants joints au téléphone par RNL affirment qu’ils ont été attaqués par les éléments de l’ex-rébellion Séléka pour des raisons qu’ils ignorent. Des greniers et quelques biens ont été incendiés. Selon ces mêmes sources, ces hommes armés se sont aussi lancés à la poursuite des cultivateurs dans les champs.
Pendant ce temps, les ressortissants de la République Démocratique du Congo à Bangui déplorent leur situation. Environ un millier d’entre eux se sont refugiés depuis plus d’une semaine à leur ambassade en Centrafrique. Ils sont dans l’attente d’une évacuation, mais se disent abandonnés à leur triste condition.
Hommes, femmes et enfants vivent dans des conditions très difficiles. Certains sont couchés sur des pagnes tandis que d’autres dorment à même le sol livrés aux maladies dont le paludisme. La cour de l’ambassade n’arrive pas à contenir tous les sujets Congolais à Bangui. A cela s’ajoute l’accès à l’unique toilette de la structure, qui est subordonné au paiement de la somme de 50 francs CFA. Dépassés par ces conditions de vie, ces déplacés Congolais demandent avec espoir aux autorités politiques de leur pays de les ramener sur leur terre natale.
Lundi aux environs de 11 heures, un contingent de la Mission Internationale de Soutien au Centrafrique (MISCA), constitué des éléments de l’Unité de Police Constituée, ont eu un tête à tête avec un membre de l’ambassade, au sujet des déplacés Congolais dans le but de leur livrer un message d’espoir. A la fin de l’entretien, la déception était toujours visible sur le visage de certains d’entre eux. Grégoire Kamanza demande au chef d’Etat de la République Démocratique du Congo, Joseph Kabila de peser de tout son poids pour faciliter leur rapatriement. Il convient de préciser que le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) a doté les femmes enceintes de 20 kits pour leur permettre de se mettre à l’aise.