Centrafrique : Des discussions autour du choix du nouveau chef d’Etat

Centrafrique : Des discussions autour du choix du nouveau chef d’Etat

L’élection du nouveau président de transition en Centrafrique vient d’être reportée au lundi 20 janvier 2014. L’information est rendue publique ce jeudi par une source proche du Conseil National de Transition (CNT). Selon cette même source, la date du dépôt et de clôture de candidature est désormais fixée au vendredi 17 janvier.

Les débats autour des critères d’éligibilité se poursuivent au siège du parlement de transition. Les discussions n’ont pas pu prendre fin à l’heure indiquée, c’est-à-dire à 9 heures de ce jeudi matin, comme cela a été annoncée à la presse par la vice-présidente de l’institution, Mme Léa Koyassoum Doumta.

Entre temps la plate forme religieuse fait entendre sa voix sur les modalités de l’élection du prochain président par intérim. Le pasteur Nicolas Guérékoyamé Gbangou, l’un de ses leaders et conseiller national, en mission en Europe, appelle ses pairs du CNT à faire montre de sagesse dans leur choix. « J’aimerais simplement faire appel à la conscience des conseillers nationaux qui ont été mandatés par leurs différentes entités pour les représenter au CNT. Une porte est ouverte pour désigner quelqu’un qui doit conduire la transition contrairement à ce que nous avons vécu avec le président Djotodia. Il faut bien quelqu’un qui aime son pays, qui a partagé les douleurs de la population. Il faut qu’il ait le cœur de paix, de rassembleur ».

Le pasteur Nicolas Guérékoyamé Gbangou précise par ailleurs que la plate forme religieuse ne se présentera pas à cette élection. Il lance une mise en garde contre ceux qui tenteront au nom des religieux, de déposer leur candidature

Les Etats-Unis font appel à l’intégrité des futurs dirigeants centrafricains et à la transparence dans la procédure qui permettra de doter le pays d’un président de transition. Marie Harf, la porte-parole adjointe du département d’Etat, a déclaré que Washington suit attentivement les délibérations en cours du CNT et souhaite un large spectre de représentants politiques, religieux et de la société civile dans les institutions centrafricaines.
Aujourd’hui, le chef des opérations humanitaires de le l’ONU, John Ging a averti que tous les éléments sont réunis pour qu’il y ait un génocide en Centrafrique. Il a appelé à une large mobilisation humanitaire et militaire et à une stabilisation politique. Lors d’une conférence de presse à Genève, John Ging, qui a séjourné 5 jours en Centrafrique, a expliqué que des atrocités sont commises de façon continue et les gens vivent dans la peur des autres communautés.

Par ailleurs le chef des opérations humanitaires de l’ONU a relevé que ce n’est pas un conflit inter religieux pour l’instant mais cela pourrait le devenir. « Il faut agir immédiatement », a ajouté John Ging qui a poursuivi « nous devons créer les conditions pour que la peur disparaisse sinon les conséquences peuvent être dramatiques ».

Dans la préfecture de l’Ombella M’Poko, le village Boyali situé à 25km de Boali est désert. Selon des sources qui ont requis l’anonymat, les milices « anti balaka » ont érigé des barrières et commettent des exactions contre des musulmans.

Il y a plus d’une semaine, les « anti balaka » ont investi le village et procédé à des scènes de violences. Le bilan faisait état d’une trentaine de personnes tuées, toutes seraient membres de la communauté peulh.

Les représailles ne se sont pas faites attendre. Des éléments de l’ex Séléka venus du village Boyali ont semé la désolation. Ils ont appliqué la tactique de la terre brulée, maisons et greniers ont été systématiquement incendiés.

Aujourd’hui encore, des exactions et des tueries sont perpétrées, selon certaines sources, par les « anti balaka ». Le village de Boyali s’est vidé de ses habitants. La communauté tant musulmane que chrétienne redoute un éventuel affrontement entre les ex-combattants Séléka et les milices « anti balaka ».
 
A Boali, une partie de la communauté musulmane vend à vil prix des biens dans l’intention de quitter la ville. La population réclame en urgence la présence des soldats de la MISCA et ceux de l’opération Sangaris.

Dans la commune de Bégoua au Pk12, à la sortie nord de Bangui, huit (8) personnes ont été tuées, plusieurs autres blessés et deux maisons incendiées. C’est le bilan d’un incident qui s’est produit hier mercredi au quartier Yembi 1. Selon les renseignements recueillis sur les lieux, une opération de désarmement menée par les forces de sécurité dans le quartier a été à l’origine du drame. La population demande aux autorités du pays de mettre en œuvre pour ramener la sécurité dans la commune de Bégoua. Pour l’heure, Pk12 se vide de ses habitants, qui craignent le climat d’insécurité qui y règne.

Huit cent cinquante soldats rwandais sont partis aujourd’hui vers le Centrafrique, pour renforcer les effectifs la MISCA, sous l’égide de l’Union Africaine. C’est l’armée rwandaise qui l’annonce en précisant que le transport des renforts est assuré par un avion américain. Avec ce renfort, la MISCA comptera 5.250 hommes en Centrafrique, non loin de son objectif de 6.000 hommes.