Jean-Emmanuel Ndjaraoua, représentant de la préfecture de Haute-Kotto (située à l’est du pays) au Conseil National de Transition (CNT), a été assassiné ce dimanche 9 février 2014 dans le 8e arrondissement. Samedi, il s’était élevé contre les violences que subissent les musulmans dans sa région. Deux de ses enfants ont été assassinés entre Sibut et Damara au nord de Bangui il y a deux semaines.
Selon ses proches, Jean-Emmanuel Ndjaraoua rentrait du Conseil extraordinaire du CNT sur sa moto. A proximité de son domicile, il a été intercepté par des hommes armés qui l’ont abattu de neuf balles à bout portant.
« Nous sommes en train de chercher des renseignements ici sur les circonstances de sa mort, les auteurs et les mobiles exacts qui ont entraîné cette mort » a fait savoir Joseph Bindoumi, membre du CNT et président de la Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme (LCDH).
Un autre membre du CNT, Sony Mpokomandji a estimé que « c’est un assassinat odieux, ce sont des choses qu’on ne peut pas accepter, d’autant plus que c’est un représentant du peuple. Nous sommes tentés de croire que monsieur Ndjaraoua a été assassiné pour son opinion parce que nous avions interpellé le Premier ministre sur la question de la sécurité ».
Réagissant à cet assassinat dans un communiqué, l’Organisation Mondiale des Parlements (UIP) a réclamé une protection renforcée pour les parlementaires de République centrafricaine (RCA) « pour que l’organe législatif puisse remplir ses fonctions au service de toute la population ».
« Les responsables de ces assassinat devraient être immédiatement localisés et poursuivis en justice. Cela ferait clairement comprendre à tout un chacun qu’une telle violence ne restera pas impunie et que les autorités sont résolues à prévenir d’autres attaques de ce genre », a déclaré Anders B. Johnsson, le Secrétaire général de l’UIP.
Par ailleurs, ce même dimanche, dix hommes armés assimilés aux éléments de la milice « Antibalaka » ont investi le domicile de l’ancien ministre de la Justice, Arsène Séndé. Ils ont poignardé Fernand Hamiza, le président du tribunal de commerce et frère cadet du ministre et ont ensuite égorgé son neveu.
« Nous avons reçu la visite d’une dizaine de jeunes qui s’identifient Antibalaka. Ils ont immobilisé toutes les forces de sécurité à leur arrivée. Ils ont emporté deux ordinateurs portables, un sac contenant des diplômes et de l’argent. Je suis passé sur la clôture pour informer la gendarmerie. Malheureusement, les gendarmes n’avaient pas d’armes. Avant de quitter les lieux, ces hommes ont égorgé le neveu du ministre Arsène Séndé et poignardé le président du tribunal de commerce au niveau de l’omoplate. Leur état de santé est critique » a déclaré un membre de la famille.
La question sécuritaire est depuis vendredi au centre d’une série d’interpellation au CNT, qui a été suspendu suite à l’assassinat du conseiller national Ndjaraoua. Le 1er Ministre André Nzapa-Yéké et son gouvernement ont informé le samedi 8 février les conseillers nationaux sur les actions entreprises dans leurs départements respectifs pour une meilleure sécurisation du pays.
Face à cette situation d’insécurité grandissante, Léopold Narcisse Barra, ministre de la jeunesse, des sports et de la culture, appelle la jeunesse à une prise de conscience. Selon le membre du gouvernement, les actes de crimes odieux enregistrés au sein des différentes communautés doivent cesser. Il demande par ailleurs, le respect des grands engagements pris par les différents leaders des milices armées en vue d’une transition apaisée.
Onze autres personnes ont été tuées à Bangui ce weekend.