L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ont procédé ce dimanche à la seconde phase de délocalisation des musulmans et peuls, regroupés au Pk13 sur la route de Damara. Plus de 1.500 musulmans et peuhls sont transférés vers les villes de Kabo et Sido dans le nord du pays, à proximité de la frontière avec le Tchad.
Nombreux sont les musulmans et peuhls qui ont regretté ce départ. Seulement, les conditions sécuritaires ne permettent aux membres de cette communauté de rester. Pris en otage par la population, ils sont aussi victimes de pillages. Moustapha Nassé, un chauffeur obligé d’abandonner le quartier Miskine dans le 5e arrondissement pour la mosquée de Pk12 est l’un des délocalisés.
« J’ai construit au Pk13 où j’habite depuis trois mois. J’ai investi pour environ quinze millions. Pendant les évènements, la maison a été totalement détruite. Je me suis refugié au Pk12 afin de trouver une occasion pour être en paix. Aujourd’hui, grâce à OIM, nous allons être amenés dans un lieu sûr », a expliqué le chauffeur.
Le départ de la communauté musulmane et peuhle permettrait la reprise des activités bloquées depuis plusieurs mois dans le secteur.
« Nous espérons que petit à petit, nous allons nous réconcilier. Pour le pardon, c’est un processus qui doit commencer avec le changement des mentalités, les cœurs seront apaisés et je pense qu’avec les autres, nous allons nous réconcilier », a dit un habitant de Pk12.
Dans les milieux à Bangui, l’opération de « relocalisation » des populations musulmanes menacées fait débat. Faut-il les déplacer dans des sites moins exposés aux Antibalaka ou miser sur une démarche de dialogue ? La classe politique semble quasi-unanime contre une relocalisation, même temporaire.
Difficile de trouver un homme politique centrafricain qui soutienne l’idée d’une relocalisation des populations musulmanes menacées. Les différents acteurs politiques contactés, estiment que la meilleure solution pour protéger la communauté musulmane serait que les forces internationales, Misca et Sangaris appliquent strictement leur mandat et désarment les groupes qui sèment la terreur. Ces avis sont capitalisés par certaines autorités gouvernementales de la transition, mais qui n’osent empêcher les opérations en cours.
Il convient de rappeler que la première phase de l’opération contestée, a ciblé 95 musulmans transférés la semaine dernière à Bambari.
Vendredi, deux experts onusiens des droits de l’homme ont averti à Bruxelles que l’évacuation de minorités religieuses afin de protéger leur vie doit être une mesure de dernier recours mise en œuvre en consultation avec elles et en conformité avec les normes internationales.
Les rapporteurs spéciaux sur les droits de l’homme des personnes déplacées internes, Chaloka Beyani, et sur les questions des minorités, Rita Izsák, ont souligné que, dans une situation comme celle que traverse la RCA, il est important de s’assurer que les communautés concernées soient en mesure de prendre leur propre décision. « Une évacuation ne doit être entreprise que si elle est absolument nécessaire pour sauver des vies et ne doit engendrer qu’un déplacement à court terme, avec une perspective de retour dans le foyer », a déclaré l’experte sur les questions des minorités.