La tension a été forte hier lundi à Bambari chef lieu de la Ouaka au centre du pays. Des milliers d’habitants ont trouvé refuge en la cathédrale Saint Joseph pour échapper aux représailles des éléments armés de l’ex-Séléka. Selon plusieurs sources, les ex-rebelles auraient tué plusieurs personnes et brûlé des maisons au centre de la ville et dans les villages environnants.
La tuerie d’au moins 7 membres de la communauté peuhls par des Antibalaka présumés le dimanche au village Liwa situé à 10 Kms de Bambari, axe Alindao, serait à l’origine de cette nouvelle tension. La situation restait tendue jusqu’à lundi matin comme le confirme Philémon, un fonctionnaire en poste à Bambari. « Présentement je suis sur le site de la Sangaris à proximité de la résidence du préfet, où se trouvent plus de 2500 personnes. J’ai appris qu’au quartier Akpé, il y a eu 3 morts et des maisons brûlées. Aux quartiers Wangaye et Bornou, les musulmans et ex-Séléka ont aussi tué de nombreux civils », a affirmé Philémon.
Sabine, une habitante de la ville qui a trouvé refuge à l’église catholique Saint Joseph a été jointe au téléphone par RNL. Sous couvert de l’anonymat, elle raconte le calvaire de la population.
« Depuis lundi à 2 heures du matin, des ex-Séléka sont allés sur la route d’Alindao, ils ont été tués. Informés, leurs frères d’arme sont descendus sur les lieux récupérer les corps qu’ils ont inhumés. Après ils se sont infiltrés dans les quartiers et ont commencé à tuer, à brûler des maisons. Ils sont arrivés en la cathédrale et ont tué un vieux papa et un jeune élève de la classe de 3ème. Nous sommes sans protection », a-t-elle dit.
Selon une source proche de la Croix rouge locale, « huit cadavres ont été déposés à la morgue de l’hôpital régional et universitaire, mais les recherches d’autres corps se poursuivent dans les quartiers ».
Le porte-parole de l’Etat major des ex-Séléka, Ahmat Nédjad Ibrahim rejette toutes les accusations portées sur les hommes de l’ancienne coalition. Il met en exergue un carnage orchestré par des miliciens Antibalaka contre des civils à 10 Km de Bambari.
« Les ex-Séléka n’ont pas bougé d’un pas. Il n’y a ni représailles, ni exactions, ni pillages », explique-t-il. D’après lui, les éléments sont « juste allés récupérer des corps décapités et brûlés par des Antibalaka ». Sur le chemin de retour, « nous avons été attaqués par les miliciens. Il y a eu riposte pour traquer les auteurs. Et c’est là où il y a eu des échanges de tirs », a-t-il poursuivi.
Le porte- parole met en garde les sujets musulmans contre toute forme de violation des droits humains, indiquant que « les instructions du général Ali sont claires. Un musulman qui touche à la maison d’un chrétien mérite la cartouche ».
Depuis ce matin, la ville est sous surveillance de deux hélicoptères de l’opération française Sangaris. Aucun tirs d’arme n’a été entendu, pourtant la situation reste précaire dans la ville à cause de la présence de certains hommes armés assimilés aux ex-Séléka.
Pendant ce temps à Bangui, la situation se normalise peu à peu
La libre circulation des personnes et des biens a été ce lundi au cœur des échanges entre la force européenne, Eufor-RCA et les représentants du syndicat des conducteurs de taxis et bus. Les deux parties ont échangé sur l’impact des actions menées depuis le samedi dernier par les soldats de l’Eufor-RCA dans les 3ème et 5ème arrondissements dans le cadre de l’opération de la réouverture de certaines avenues, notamment Koudoukou, Boganda et France.
Les discussions se sont déroulés à la base militaire de M’Poko.
Un colonel de la force européenne explique que des stratégies se sont mises en place afin de faciliter la circulation des personnes et des biens. « Depuis samedi dernier, nous avons déployé nos forces sur toutes les grandes avenues afin d’empêcher tous criminels de gêner la population et qu’elle puisse vivre et se déplacer normalement. Nous travaillons en étroite collaboration avec la Misca, la force Sangaris et avec les forces de sécurité intérieure centrafricaine. Nous nous sommes déployés 24h/24 partout ».
L’officier supérieur rassure que le pont Jackson qui constitue jusque-là la limite d’accès au Km5, est tenu à l’œil par les forces internationales. « Pour le pont Jackson, je puis vous dire qu’à partir de ce lundi, nous mettons en place un groupe de la Misca qui va tenir le pont 24h/24 », a-t-il ajouté.
René Pierre Sokambi Kandja, secrétaire général du syndicat des conducteurs de taxis et bus, reconnaît qu’une amélioration a été enregistrée sur les tronçons rouverts après les opérations. Le syndicaliste compte rassurer bon nombre de chauffeurs qui font le Saint Thomas.
« Ils veulent d’abord voir les forces de l’Eufor sur le terrain avant d’emprunter l’avenue. Nous allons nous rendre sur le pont Jackson pour parler avec nos camarades conducteurs de taxis, les encourager à reprendre la circulation jusqu’au monument Koudoukou », a noté le secrétaire général.
Pour le moment, 650 hommes de l’Eufor-RCA sont déployés à Bangui.