Un groupe de miliciens Antibalaka, parti de Mala dans la Kémo (centre-sud) en passant par Bakala dans la Ouaka (centre), est arrivé dans la sous-préfecture des Mbrés dans la Nana-Gribizi (nord-centre). Ces miliciens ont investi 9 villages contraignant plus de 12.000 habitants à fuir leurs maisons pour trouver refuge aux Mbrés, ville située à 91 kms de Kaga Bandoro, chef-lieu de la Nana-Gribizi.
« A leur arrivée dans ces villages, ils exigent à tout le monde de rentrer en brousse. Ils disent qu’ils sont là pour combattre les Séléka. Tous ceux qu’ils vont croiser en ville seront considérés comme des complices des Séléka et seront traités comme tels », rapporte une autorité municipale des Mbrés qui accueille ces déplacés.
Le notable poursuit que, « C’est depuis deux semaines que ces assaillants sont en progression. Ils parcourent même des villages reculés pour, disent-ils, traquer les ex-rebelles Séléka ».
Il ajoute que « Tous ceux qui sont suspectés d’intelligence avec les Séléka sont systématiquement maltraités, se voient une de leurs oreilles coupée, ou sont passés à tabacs ».
Les villages se trouvant dans ces localités continuent de se vider de leurs habitants. « Samedi, ces assaillants ont fait prisonniers 2 chefs de villages sur l’axe Kaga-Bandoro, exigeant d’eux une rançon de 100.000 francs CFA (152,449 Euro) chacun avant d’être libéré », s’est-il plaint, ajoutant que leur commune est en train de s’organiser pour mettre en place un comité de crise pouvant porter assistance aux déplacés qui continuent d’affluer. Pour l’instant, ils sont sans assistance, à la merci des intempéries et des maladies.
Non loin de là, à Dékoa localité située à 70 kms de Kaga-Bandoro toujours dans le centre-nord, un affrontement a opposé toute la journée du dimanche 7 juillet, les miliciens Antibalaka aux ex-rebelles Séléka basés dans la ville. « Dès que les ex-Séléka ont intercepté un jeune Antibalaka de passage non loin de leur camp, ils ont lancé une forte offensive contre les Antibalaka dans la ville. Ils ont poussé les violences jusqu’en plein marché faisant de nombreux blessés », a expliqué une source proche de l’église catholique Sainte Anne de Dékoa.
« Ils ont beaucoup tiré si bien que toute la ville est prise de panique. Ces ex-Séléka qui, jusque-là, sont cantonnés, en ont profité pour sortir et se lancer dans des pillages des biens des habitants de ces villages. Les forces internationales de la Misca et la Sangaris sont aussi sorties pour essayer de calmer la tension », ajoute le prêtre, tout en précisant que la tension était encore très tendue jusqu’en milieu d’après midi.
Brice Emotion Namsio, porte parole national des Antibalaka, rejette en bloc l’accusation portée contre les miliciens. Pour lui, c’est une orchestration de toutes pièces tendant à incriminer les Antibalaka.
Ces nouvelles violences interviennent au moment où l’ONU recommande à l’Etat centrafricain plus de fermeté envers les groupes armés dans le pays. C’est dans un rapport d’étape sur la situation en République Centrafricaine publié vendredi à New-York par le groupe d’experts des Nations-unies. L’ONU demande également aux autorités centrafricaines de veiller à ce que les membres de ces groupes qui continuent d’exercer des fonctions au sein des forces de défense et de sécurité soient relevés de leurs fonctions.
A Bangui, l’accord de cessez-le-feu entre les leaders des ex-Séléka, responsable du coup de force contre le régime du président François Bozizé-Yangouvonda en mars 2013 et les miliciens Antibalaka prévu le 3 juillet a été reporté à une date ultérieure. Un report qui serait lié à un problème de communication sur les documents qui devraient être rendus publics, selon un communiqué de l’ONG Pareto (Paix-Réconciliation-Tolérance) qui pilote le projet.
Toujours à Bangui, la problématique du rétablissement de la cohésion sociale et du vivre ensemble dans les 5e et 3e arrondissements a été au centre ce lundi d’un échange entre Antibalaka, communauté musulmane et syndicat des conducteurs des taxis et bus à la Faculté de théologie biblique de Bangui (FATEB). L’objectif de cette rencontre tripartite est de trouver des solutions adéquates pour la réouverture des avenues Koudoukou, France et Barthélémy Boganda menant au Km5 dans le 3e arrondissement.
Selon Maitre Emmanuel Koudoubada, directeur exécutif de l’ONG nationale ‘‘Vitalité Plus’’, la libre circulation des biens et des personnes sur ces avenues est indispensable pour désamorcer la crise actuelle au niveau de la capitale.
« En tant qu’ONG qui œuvre pour la paix et la sécurité, nous ne pouvons pas baisser les bras. Nous sommes donc engagés à convier les Centrafricains, qui mettaient en avant des intérêts égoïstes, partisans pour s’entretuer, se déchirer pour empêcher les autres de circuler librement, d’essayer de diagnostiquer l’origine de ce blocage autour du Km5 et ensemble, trouver les solutions qui peuvent permettre la libre circulation des personnes et des biens non seulement vers le Km5 mais dans toute la ville de Bangui », a fait savoir Maitre Emmanuel Koudoubada.