Les 186 délégués qui doivent réfléchir sur l’avenir du peuple centrafricain sont arrivés par vagues samedi et dimanche dans la capitale congolaise. On retrouve le pouvoir public, les Antibalaka, les hommes de l’ex-Séléka, les partis politiques, les représentants des femmes et des jeunes, ceux du Conseil national de transition (parlement provisoire) ainsi que les envoyés des syndicats. La société civile est la grande absente de ce forum.
La diaspora centrafricaine a également effectué le déplacement de Brazzaville. Les déplacés internes et les personnes à risques sont aussi représentés.
La présidente de transition Catherine Samba-Panza est arrivée dimanche à l’aéroport Maya Maya de Brazzaville. Elle a été accueillie par Denis Sassou Nguesso, médiateur dans la crise centrafricaine, et applaudie par la colonie centrafricaine au Congo, qui attend beaucoup de ce forum.
Le chargé de la jeunesse, des sports et de la culture au bureau de la colonie centrafricaine au Congo, Antoine Sokoula, a exhorté ses compatriotes à dialoguer dans la franchise. « Je souhaite que tous mes frères centrafricains se réunissent autour d’une table pour trouver un compromis. Nous demandons qu’au sortir de ce forum, ils enterrent la hache de guerre et se réfèrent à la devise de Barthélemy Boganda, père fondateur de la Centrafrique : Unité-Dignité-Travail », a-t-il dit.
«Il faut trouver un terrain neutre, et ce terrain, c’est Brazzaville », a renchéri le président de la communauté centrafricaine au Congo, Modeste Kombo Liamandji. « C’est un processus, cela ne va pas s’arrêter à Brazzaville. Il y aura un cessez-le-feu et après, nous allons repartir au pays pour chercher à nous entendre», a- t-il ajouté.
Pour donner plus de visibilité à ses attentes, la colonie centrafricaine au Congo organise une marche pacifique à l’ouverture des travaux, pour soutenir le forum de Brazzaville.
Seulement au pays, une incertitude plane dans les esprits des Centrafricains, au regard de toute la cacophonie qui a précédé ce rendez-vous. La plateforme religieuse et une quarantaine de partis politiques se sont accordés pour dire non au forum de Brazzaville. Des organisations de société civile se sont jointes au mouvement. Devant cette situation, les autorités de transition ont organisé un atelier pour convaincre les couches vives de la nation à aller à Brazzaville. Au dernier moment, les dossiers ne sont pas ficelés, il manque encore des précisions. Et les délégations se retrouvent dans la capitale congolaise. Que vont- elles faire exactement du moment où elles ne sont pas parvenues à se mettre d’accord sur ce qu’elles ont à discuter à Brazzaville ?
Tout ce que le citoyen lambda sait, c’est que le calendrier prévoit des engagements pour la cessation des hostilités. Malgré la présence d’une opération militaire française et de troupes de l’Union africaine, les groupes armés continuent d’endeuiller le pays.
Le Centrafricain n’a que des interrogations. Est-ce encore l’occasion d’un partage du gâteau national? S’agit-il de blanchir les bourreaux et les insérer dans le gouvernement et les autres institutions du pays ? Est-ce encore une occasion pour modifier les textes fondamentaux du pays au profit de certains intérêts égoïstes et au détriment de l’intérêt général ? Est-ce encore une occasion pour tourner le dos aux victimes qui attendent que justice soit faite ?
Les Centrafricains sont dans l’incertitude et demandent aux acteurs de Brazzaville de faire preuve de responsabilité. Car ils auront des comptes à rendre à leur retour à Bangui.