La tension est loin de baisser dans les camps militaires RDOT et Béal à Bangui. Les ex-combattants de Séléka cantonnés dans ces deux camps sont montés depuis jeudi aux créneaux. Ils manifestent pour dénoncer leurs mauvaises conditions de vie, invitant les autorités de la transition à accélérer le processus de Désarmement-Démobilisation-Réinsertion et Rapatriement (DDRR).
« Nous voulons travailler pour le pays. Nos responsables sont allés faire une réunion là-bas, faire leur vœu sans recueillir notre avis. Nous réclamons rien que notre droit légal, celui d’être incorporés dans l’armée centrafricaine. Les conditions de cantonnement ne sont pas réunies. Nous vivons dans la merde en ce moment. », a dit Merving Feidangaye, un manifestant, à Radio Ndèkè Luka.
D’autre part, ces soldats armés accusent deux de leurs responsables de détournements de leurs frais de ration alimentaire. Un motif qui a valu leur séquestration depuis deux jours.
Rodrigue Yamindji, major du camp, annonce que les responsables coincés peuvent rependre leur liberté si les résultats des investigations ne pèsent pas contre eux.
« Si le gouvernement affirme qu’il n’a jamais remis des frais d’alimentation et de cantonnement à ces leaders, ils seront libérés », a ajouté Rodrigue Yamindji.
En attendant, les manifestants maintiennent leur position, refusant tout dialogue avec les leaders de l’ex-coalition Séléka.
Le Général Moussa Dhaffane, interrogé sur la question, qualifie le mouvement de ces éléments de l’ex-Séléka basés au Camp Béal de manipulation.
Dans un entretien avec Radio Ndeke Luka, Moussa Dhaffane a expliqué que des personnes mal intentionnées, veulent tout simplement utiliser ces jeunes pour se forger une porte d’entrée dans l’administration politique du pays.
Selon lui, certains leaders de la Séléka, mécontents du fait qu’il refuse la partition du pays et opte pour la réconciliation nationale, font tout pour nuire à son ambition de cohésion sociale. Il dément, par ailleurs, les accusations portées contre lui selon lesquelles il aurait reçu de l’argent à Brazzaville, en contrepartie de la signature de l’accord de cessation des hostilités au nom de la Séléka.
Il met au défi toute personne qui pourra fournir les preuves car, toujours selon lui, les institutions ne peuvent pas sortir de l’argent sans laisser des pièces comptables.
Le général Dhaffane demande aux autorités d’ouvrir les yeux et de mener des investigations afin de mettre hors d’état de nuire ces manipulateurs.
Ces démonstrations de mécontentement se sont déroulées pendant que le tout premier conseil des ministres du gouvernement de Mahamat Kamoun se réunissait ce jeudi au palais de la Renaissance à Bangui. A l’occasion de cette rencontre, la Cheffe d’Etat de la transition, Catherine Samba Panza, a invité tous les membres du gouvernement à signer un pacte républicain, en se désengageant de tout attachement partisan afin de se mettre à la disposition de la République.
La Présidente de la transition a souligné que tous les ministres seront évalués au bout de trois mois. Une évaluation qui s’affiche comme condition non négligeable de leur éviction ou leur maintien à cette responsabilité gouvernementale.
« C’était une occasion pour la Présidente de la République de réitérer ses orientations politiques à la nouvelle équipe. Catherine Samba Panza est donc revenue sur les priorités contenues dans la feuille de route de la transition, à savoir la sécurité, la situation humanitaire, la restauration de l’autorité de l’Etat, la relance de la machine économique et administrative, la mobilisation des ressources internes et le processus électoral », a rapporté le reporter de Radio Ndèkè Luka.
L’organisation dans les seize préfectures des consultations relatives à la réconciliation nationale et à la tenue du dialogue national s’ajoutent à ces priorités.
Catherine Samba Panza s’est montrée exigeante vis-à-vis de la nouvelle équipe en déclarant qu’il n’y aura pas de périodes de grâce pour les membres du gouvernement.
« Tous les ministres seront évalués au bout de trois mois. Ceux qui n’auront pas à montrer leurs capacités à gérer un département ministériel seront remerciés », a prévenu la Présidente Catherine Samba Panza.