La présidente de la transition Catherine Samba-Panza mène des consultations depuis mardi avec les forces vives, en vue sortir le pays de la crise qui s’est aggravée au cours des derniers jours.
Après avoir rencontré mardi certains partis politiques, elle devait s’entretenir mercredi avec les groupes armés et les groupes politico-militaires non-combattants.
Mais certaines organisations, tel le Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ), basé à Birao dans le nord, peinent à se mettre d’accord sur la délégation qui doit les représenter à ces pourparlers avec la présidente.
Pour les hommes armés du Mouvement, les représentants légitimes du MLCJ de la crise sont ceux qui détiennent les armes sur le terrain et non ceux qui se trouvent à Bangui.
Pendant que Catherine Samba-Panza poursuit ses consultations qui dureront jusqu’à vendredi, les violences se poursuivent dans la capitale.
Lundi aux environs de 16 heures au rond-point Benz vi-Miskine, un automobiliste, Guélé-Gongassoua, a été attaqué à la grenade par un groupe de jeunes armés. « Les valeurs que nous a laissées Barthélémy Boganda étaient Unité-Dignité-Travail. L’unité parle de cohésion, de dialogue et d’échanges », rappelle ce rescapé avant de se demander si la Centrafrique ira aux élections, armes à la main.
Boucliers humains
La violence à Bangui se trouvait au menu des entretiens lundi entre le ministre centrafricain des Affaires étrangères Toussaint Kongo Doudou et l’ambassadeur de France Charles Malinas. Répondant aux questions de RNL à sa sortie d’audience, le diplomate français a fait remarquer que les auteurs de violences se servent de personnes vulnérables comme des boucliers humains. Pour Charles Malinas, cela rend la tâche difficile aux Casques bleus. Il a cité le cas d’hommes armés qui se sont cachés derrière des femmes et des enfants pour tirer sur des soldats de la force onusienne la semaine dernière. Certaines personnes ont reproché au contingent burundais de ne pas être intervenu mais l’ambassadeur ne voit pas comment ces troupes burundaises auraient pu réagir dans ces conditions.
Même constat de la part de la coordonnatrice des affaires humanitaires des Nations unies en Centrafrique (OCHA), Claire Bourgeois, qui souligne que certains enfants ont été blessés par balles la semaine dernière. « L’utilisation des enfants et des femmes enceintes dans les combats est un crime de guerre », a-t-elle rappelé.
En dehors de la capitale, des éléments du Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC) de Martin Koumtamadji alias Abdoulaye Miskine, ont enlevé dans la nuit de dimanche à lundi, le Père Mathieu Dziedzic, un missionnaire polonais résidant à Baboua. Le ministère polonais des Affaires étrangères, qui indique avoir entrepris des efforts pour obtenir sa libération, a affirmé dans un communiqué publié mardi que le prêtre était « bien traité ». Les ravisseurs, basés dans l’ouest du pays, indiquent ne pas vouloir de rançon financière, mais chercher à échanger l’homme d’église contre leur chef, Martin Koumtamadji, détenu depuis plus d’un an au Cameroun. Les membres du FDPC avaient déjà enlevé dix personnes le 15 septembre dernier, dans l’espoir d’obliger la Centrafrique à négocier avec le Cameroun la remise en liberté de leur dirigeant.