Plusieurs familles sont en deuil et d’autres à l’hôpital après la visite éclair de Alexandre Ferdinand Nguéndet, le président du Conseil national de transition (CNT) à Bambari au centre est de la République Centrafricaine. Des dizaines de personnes ont été tuées par balles ou à la machette et plusieurs autres blessées. Certaines personnes dont les bras et les jambes ont été amputés, se trouvent actuellement à l’hôpital de la ville pour des soins. Des dizaines de maisons ont été également incendiées dans les quartiers Maïdou, Mbrépou, Mbagolo et Saint Christophe.
Selon des habitants contactés au téléphone par Radio Ndeke Luka, le drame a été commis par les peuhls armés fidèles au général Joseph Zoundéko. Ils ont agi en guise de protestation suite à la mort d’un des leurs. « Mercredi la dépouille mortelle d’un conducteur de taxi-moto peuhl a été retrouvé en face de l’Ecole normale supérieure des instituteurs de Bambari proche du quartier général des Séléka de l’ethnie Goula. En représailles, les peuhls se sont infiltrés dans quatre quartiers. Incendie et tuerie ont été l’objectif majeur de cette incursion », a expliqué un habitant joint au téléphone ce jeudi.
« Au quartier Mbrépou, une dizaine de corps ont été retrouvés ainsi que plus de quinze blessés dont des enfants et des femmes aux bras et jambes amputés. Il faut dire que le nombre est en hausse car les quartiers sont bouclés et beaucoup de gens, fuyant en brousse, ont du être tués », a mentionné le témoin qui affirme qu’ « Il est difficile d’établir le bilan exact des dégâts humains ».
Le facteur déclencheur est lié selon un habitant de Bambari, à la mort d’un sergent-chef et la blessure par balle d’un soldat de la garde rapprochée de Nguéndet, attribuées à des ex-Séléka. « Dès l’arrivée de la mission précurseur à Bambari, les militaires ont été invités par le commandant Assan Ngrévaï à se rendre chez le général Zoundéko pour les civilités. A quelques mètres, Assan a intimé l’ordre aux ex-Séléka d’abattre les six soldats. N’ayant pas gain de cause, il s’est saisi de l’arme d’un des soldats pour tuer le sergent-chef Simplice Nzango et blesser un autre militaire », a indiqué une source à Bambari.
Le général Zoundéko rejette en bloc l’accusation portée contre le commandant Assan Ngrévaï l’impliquant d’avoir mis l’huile sur le feu. « L’enquête est en cours, on n’a pas encore décelé le coupable. En ce qui concerne Assan, ce sont des informations erronées », a nié le général.
Le général regrette que des maisons soient incendiées, des personnes tuées et blessées lors de ces incidents. « Mercredi, nous avons retrouvé le cadavre d’un conducteur de taxi-moto musulman dont la moto a été emportée. Selon les renseignements, ce sont les Antibalaka qui l’ont tué. En revanche, les parents de la victime et la population musulmane se sont vengés et il y a eu des maisons incendiées, des cas de blessures et même des morts. Ce qui ne devait pas se faire », a-t-il fait savoir.
Une source ecclésiastique jointe au téléphone par RNL relève ce jeudi qu’au moins une dizaine de personnes ont été tuées et une cinquantaine de maisons incendiées en représailles à la tuerie d’un conducteur de moto d’ethnie peuhle. La même source indique que la situation est gravissime. Certaines personnes se sont réfugiées à la paroisse Saint Christophe, abandonnées à leur triste sort.
Les habitants de Bambari ont expliqué que les blessés admis à l’hôpital craignent pour leur vie. Les Peuhls armés ont tenté d’aller les exécuter à l’hôpital qui n’est pas sécurisé. Les mêmes sources affirment que les agresseurs sillonnent toute la ville sans être inquiétés.
A Bangui, le vol à main armée est loin de prendre fin
Mercredi à Boy-Rabe dans le 4e arrondissement, un véhicule de marque RAV4 qui suivait le ravitaillement des vivres du Programme alimentaires mondial (PAM) à l’école ‘‘Mandaba’’ a été emporté par des individus armés assimilés à des Antibalaka. L’acte s’est produit mercredi après midi au sein de l’établissement.
« Le Programme alimentaire mondial (PAM) alimente l’école ‘‘Mandaba’’ au quartier Votongbo I en vivres dans le cadre d’appui aux enfants scolarisés. Lorsque le PAM a amené ces produits alimentaires, deux Antibalaka, connus, sont venus pointer le chauffeur avec leur arme avant d’amener le véhicule. L’un d’eux est porteur d’une arme de marque Kalachnikov 47 », a rapporté un habitant du quartier.
Le témoin s’inquiète de ce que penseront les partenaires au développement. « Ils ont prétexté que le véhicule appartient à un musulman et qu’il fallait le prendre. Les ONG qui veulent nous aider à Votongbo ne peuvent plus le faire », a souligné la même source.