La commission des Nations unies enquêtant sur les violences qui ravagent la République Centrafricaine depuis deux ans a conclu que les deux camps avaient commis des crimes contre l’humanité, y compris un « nettoyage ethnique », mais que l’intervention internationale avait évité un génocide.
La commission créée par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon en janvier 2014 estime que le conflit centrafricain a fait « des milliers de morts », sans doute plus de 6.000, et fixe comme priorité de « mettre fin à l’impunité ».
Elle avait commencé son travail en avril et remis son premier rapport en juin au Conseil de sécurité. Son rapport final, de 127 pages, transmis au Conseil en décembre, confirme en grande partie ses conclusions initiales.
« Des violations des droits de l’homme ont été commises par toutes les parties », conclut la commission. « La coalition Séléka et les (milices) Antibalaka sont aussi responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité ». Le rapport détaille une longue série d’exactions: viols, meurtres, recrutement d’enfants-soldats, torture, incendies d’habitations.
« Bien que la commission ne puisse conclure qu’il y a eu génocide, le nettoyage ethnique de la population musulmane constitue un crime contre l’humanité », soulignent les enquêteurs.
L’absence de preuves d’un génocide, évoqué comme un risque par des responsables de l’ONU, « ne diminue en rien la gravité des crimes commis » et il n’est pas certain qu’un génocide pourra être évité à l’avenir. Les enquêteurs rendent à cet égard hommage à « l’action opportune menée par les forces de l’Union africaine et les forces françaises ainsi que la Minusca » (Mission de l’ONU en République Centrafricaine).
La commission n’est pas en mesure de donner un bilan précis des deux années sur lesquelles elle a enquêté : « Les diverses estimations disponibles vont de 3.000 à 6.000 tués mais la commission considère qu’elles ne rendent pas pleinement compte de l’ampleur des tueries ».
Pour les enquêteurs, « une des tâches prioritaires des autorités centrafricaines, avec le plein soutien de la communauté internationale, est de mettre fin à l’impunité dont a bénéficié pendant des années la grande majorité des responsables d’exactions » en Centrafrique.
Ils adressent une série de recommandations à Bangui et à l’ONU, parmi lesquelles la création d’un « programme de protection des témoins » et d’une procédure pour indemniser les victimes du nettoyage ethnique.