Plus de deux semaines après l’arrestation du commandant Dominic Ongwen de l’Armée de résistance du seigneur (LRA) de Joseph Kony dans l’est de la Centrafrique, l’homme n’est toujours pas transféré à la Cour pénale internationale (CPI). Attendu le samedi 17 janvier 2015 à la Haye aux Pays Bas, le transfèrement de ce chef rebelle a été reporté, faute de dispositions techniques.
« Son transfèrement est retardé pour des détails purement techniques en matériel liés au plan de vol et à l’appareil qui devra l’amener à la Haye. Cela ne dépend plus de nous, tout a été fait de notre côté », a expliqué Maurice Dibert-Dollet, Procureur général près la Cour d’appel de Bangui.
La justice centrafricaine affirme avoir rempli toutes les formalités nécessaires pour l’extrader à la Cour pénale internationale. « Dominic Ongwen a été arrêté et (…) toutes les formalités relativement aux statuts de Rome ont été accomplies du côté centrafricain », a mentionné le magistrat Dibert-Dollet.
Dominic Ongwen qui a pris les armes à la fin des années 1980, est arrivé dans la capitale centrafricaine, le vendredi 9 janvier et a été remis aux représentants de la CPI.
« Nous l’avons déjà remis aux représentants de la CPI qui se trouvent à Bangui et qui doivent l’emmener samedi à la cour », a précisé le magistrat Ghislain Grénzénguet, procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Bangui.
Concernant le lieu où se trouve Ongwen actuellement, le procureur a indiqué que « le suspect se trouve en ce moment sous protection onusienne en attendant son transfert à la CPI ».
Le procureur de la République, Ghislain Grénzénguet, qui a contrôlé l’opération de transfert, s’est rendu à Obo, chef lieu du Haut Mbomou, où se trouve la base des forces américaines qui gardent Ongwen depuis sa livraison, à bord d’un avion affrété par la mission des Nations Unies en République Centrafricaine. Le même avion a ramené le suspect à Bangui.
« Notre objectif est que Dominic Ongwen arrive le plus rapidement possible à la Cour. Les gouvernements centrafricains et ougandais nous ont exprimé leur acceptation pour que le suspect soit transféré à la Cour. Donc, nous suivons ces éléments en ce moment », a souligné pour sa part Pascal Turlan, Conseiller en coopération judiciaire à la CPI, en mission à Bangui.
« L’arrestation et la remise à la Cour d’un individu qui est sous mandat d’arrêt depuis 10 ans, c’est déjà trop tard. Toutes ces années où cet individu n’a pas été remis à la Cour sont des années perdues en particulier pour les victimes. Le temps qui passe est une source potentielle d’inquiétude. Donc aujourd’hui, nous avons enfin bon espoir d’une issue favorable », s’est réjoui Pascal Turlan du transfert d’Ongwen.
Dominic Ongwen, recherché par la CPI pour plusieurs chefs d’accusation dont des crimes contre l’humanité et crimes de guerre, a été arrêté le 3 janvier dernier dans la localité de Sam Ouandja dans la Haute Kotto (nord-est) par les ex-rebelles Séléka de la région et, livré le 6 janvier à des soldats américains présents en Centrafrique.
Les ex-rebelles centrafricains de la Séléka, qui disent avoir capturé Dominic Ongwen, commandant de l’Armée de résistance du seigneur, réclament toujours la récompense de cinq millions de dollars soit 2.829.800.000 F CFA promise par les Etats-Unis.
Ancien enfant soldat, il a gravi progressivement les rangs de la LRA jusqu’à devenir le numéro 2 de cette rébellion ougandaise réputée pour son extrême violence.
Son chef, Joseph Kony, est lui aussi recherché par la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.