L’opération militaire sous conduite de l’Union Européenne en Centrafrique Eufor-RCA transmet officiellement le flambeau à la mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation de la Centrafrique, Minusca ce dimanche 15 mars 2015.
Le général Philippe Pontiès, commandant l’opération Eufor-RCA qualifie de positif les 11 mois de déploiement de leurs soldats en Centrafrique. « Aujourd’hui, nous quittons Bangui, nous quittons une ville apaisée. Les camps des réfugiés sont en train de se vider et, les déplacés rentrent chez eux, j’ai effectivement le sentiment que le devoir est accompli », a déclaré le commandant de l’Eufor-RCA dans son adresse à la presse à Bangui.
Philippe Pontiès évoque des avancées significatives en matière de dialogue, de la liberté de mouvement des populations et de la réconciliation nationale.
« Nous partons sur fond d’avancées en matière de préparation des consultations électorales, la reprise de la vie économique et sociale, une certaine sérénité retrouvée à Bangui, l’emblématique marché de PK5 qui a repris son développement, et des banguissois de toutes communautés qui amorcent des rapprochements en vue de retrouver leur vivre-ensemble », a ajouté général Pontiès.
L’opération militaire de l’Union Européenne en Centrafrique (Eufor-RCA) a été lancée en avril 2014 en soutien à l’opération française Sangaris. Eufor-RCA avait deux missions : contrôler l’aéroport et sécuriser deux arrondissements (3e et 5e) à Bangui, des secteurs plus sensibles qui ont été le théâtre d’affrontements communautaires.
Avec un effectif de 700 militaires, dont des gendarmes contre le millier d’hommes initialement prévu, la mission a trouvé du succès auprès de la population à Bangui. « On peut dire que leur présence a permis de rétablir un début de sécurité à Bangui. La présence de ces soldats européens a beaucoup rassuré la population », a reconnu un habitant du quartier de Miskine dans le 5e arrondissement.
« La mission a été positive en majorité car on sent que la spirale de la violence et des agressivités a baissé, même si cela n’est pas encore à un niveau appréciable », a témoigné pour sa part Innocent Kparè, professeur d’anglais à Bangui.
« Le seul fait pour moi d’arriver deux fois de suite au PK5 où l’on disait que les chrétiens ne pouvaient s’y aventurier est pour moi suffisant pour dire qu’Eufor a bien travaillé », explique un cadre de l’administration centrafricaine.
Cependant, certains sont restés sur leur soif. « Ils sont venus en Centrafrique pour désarmer tous les groupes armés dont Séléka et Antibalaka. Ils n’ont pas encore fini de le faire et, veulent rentrer. On est dans l’embarras », a déploré Hervé Konga, rencontré au centre-ville de Bangui. « Je vois que c’est négatif parce que la population ne vaque pas encore librement à ses occupations tant à Bangui qu’à l’intérieur du pays. Donc Eufor ne nous a pas donné satisfaction », a témoigné pour sa part Eugénie, une mère de foyer.
Eufor-RCA se retire, mais après avoir préparé le terrain à une autre mission européenne, Eumam qui sera déployée d’ici fin mars pour aider à la restructuration des forces armées centrafricaines. « Eumam est une mission de conseil au profit des autorités centrafricaines pour les aider à formaliser leurs besoins en matière des forces armées centrafricaines, c’est-à-dire exprimer le modèle d’armée souhaité », a précisé le général Philippe Pontiès.
Aujourd’hui, Eufor se retire, la force onusienne en Centrafrique tire vers sa pleine opérationnalité ; malgré tout, Bangui fait encore face à une persistance de criminalité et de banditisme. Le commandant en force de Eufor recommande une approche judiciaire pour lutter contre l’impunité, réduire les activités criminelles ainsi que la circulation illégale d’armes dans la ville.