Le gouvernement centrafricain condamne avec la dernière rigueur l’enlèvement de plusieurs ressortissants camerounais le 20 mars dernier par un groupe armé centrafricain à l’ouest du pays, une attitude qu’il qualifie d’acte terroriste et irresponsable.
« Ce sont des choses que généralement, on met sur le compte du FDPC, le mouvement d’Abdoulaye Miskine [Ndlr : Martin Koumtamadi] ou des Antibalaka qui pullulent dans cette zone. En tous les cas, ce sont là des actes terroristes que le gouvernement condamne avec la plus grande énergie, surtout que cela est fait en demande de, je ne sais quelle revendication ou de quelle demande politique. Cela est extrêmement grave. Et je voulais rappeler à tous que ce type d’acte, qui est totalement étranger à la pratique politique et à la pratique des mouvements de rébellion dans notre pays, est quelque chose d’absolument condamnable sur tous les plans », a martelé Modibo Bachir Walidou, ministre de l’Administration du territoire et porte-parole du gouvernement.
Le porte-parole du gouvernement affirme que des dispositions sont déjà prises pour rechercher les otages ainsi que l’identité et la motivation de leur ravisseurs.
« Des dispositions multiples sont dores et déjà mis en place. Il y’ a des activités diplomatiques qui commencent, il y a des activités de vérification sur le terrain qui commencent, il y a des enquêtes qui sont lancées. Le gouvernement centrafricain, depuis l’annonce de cette nouvelle ne reste pas inactif. Le gouvernement s’est mis en activité pour s’informer de l’exactitude des faits pour en reconnaître les responsables précis, pour déterminer quelles sont leurs motivations et localiser l’endroit où ils ont amené ces personnes », a souligné le membre du gouvernement.
Le 20 mars dernier, entre 17 et 29 ressortissants camerounais, dont une autorité locale, auraient été kidnappés par un groupe armé centrafricain dans la ville de Bertoua au Cameroun. On ignore pour l’heure l’identité des ravisseurs et l’endroit où sont détenus les otages.
Par ailleurs, l’armée tchadienne monte les enchères sur la libération des six habitants de la ville de Ngaoundaye dans le nord de la Centrafrique enlevés le 26 mars et conduits au Tchad.
Les quatre femmes et deux hommes dont un garçon de 12 ans sont loin de recouvrer la liberté malgré les multiples négociations. Faisant confiance aux autorités tchadiennes, une délégation centrafricaine s’est rendue à la frontière avec le Tchad afin de recevoir les otages. Elle s’est heurtée à une exigence des autorités tchadiennes qui ont posé d’autres conditions. Les choses se sont compliquées pour les otages, après les échanges entres les autorités des deux villes voisines et l’annonce de la libération des captifs le 30 mars. Mais déception et surprise se sont emparées de la délégation partie de Ngaoundaye pour la frontière tchadienne lorsque les autorités du Tchad ont posé d’autres conditions comme l’explique Abbé Bernard Dilla, joint au téléphone ce mardi depuis Ngaoundaye.
« Hier dans la journée, les autorités tchadiennes ont appelé pour nous informer qu’ils allaient libérer les quatre femmes arrêtées et emportées au Tchad, plus le jeune garçon. Cette joie a été avortée lorsque les autorités centrafricaines se sont rendues à la frontière tchadienne pour recevoir les concitoyens. Les Tchadiens qui les ont amenés ont imposé des conditions que la délégation n’a pas pu résoudre. Ils ont exigé la livraison des criminels qui ont assassiné des Tchadiens sur leur propre territoire et qu’une rançon soit versée avant la libération des six otages centrafricains », a indiqué le prélat.
Selon Abbé Bernard Dilla, les captifs, 4 femmes et un garçon de 12 ans étaient présentés par les autorités tchadiennes mais très affaiblis. Par ailleurs le 6ème otage, un homme âgé, n’est pas avec eux, ce qui confirme l’information selon laquelle il serait tué.
Les soldats tchadiens ont enlevé les six centrafricains en représailles à un acte de tuerie attribué à des combattants de la rébellion, Révolution Justice (RJ) de Armel Ningatoloum Sayo, l’actuel ministre centrafricain de la Jeunesse et des Sports, sur le territoire du Tchad.
Au Km5 à Bangui, 4 femmes sont enlevées, une seule libérée
Malgré la reprise des activités au Pk5, plaque tournante de l’économie centrafricaine, l’insécurité demeure encore préoccupante. Au moins 4 femmes auraient été enlevées dimanche dernier au marché de Pk5 par des hommes armés, alors qu’elles effectuaient leurs approvisionnements. Lundi, l’une d’entre elle, âgée de 30 ans, a été libérée et relate au micro de RNL les circonstances de leur enlèvement.
« J’étais allée payer des mèches. Un commerçant les vendait à un prix abordable et j’ai décidé de m’en procurer. Trois autres filles étaient sur les lieux avant moi. Pendant que nous effectuions le choix, un véhicule sorti de la ruelle de la mosquée Ali Babolo [Ndlr : une mosquée dans le secteur] nous a prises pour cible. Un homme à bord, nous a braquées avec son arme nous ordonnant de monter à bord. Prises de peur, nous avons exécuté. Aussitôt, nos yeux étaient bandés. Nous ne savons plus où nous étions conduites. Quant le véhicule s’est arrêté, nous avons été trainées dans la broussaille, dans une maison apparemment inhabitée », a-t-elle expliqué.
Triste, la jeune dame affirme avoir été violée par ses ravisseurs avant sa libération. « Le soir j’ai été violée par deux d’entre eux », a-t-elle dit tout en pleurant.
« L’un deux m’a reconnue et a expliqué qu’il jouait au football avec mes frères. C’est ainsi qu’il m’a demandé de communiquer le contact de mes parents. Il a appelé sur mon téléphone, qu’il m’a collé à l’oreille et j’avais juste eu le temps de dire à mes parents que j’ai été kidnappée, mais je ne sais pas où je suis en ce moment. Peu après, ils nous ont déplacées dans un autre endroit », a mentionné la jeune femme.
Avant la libération du témoin le lendemain, les ravisseurs ont expliqué le mobile de leur acte. « Ils ont dit qu’ils nous ont enlevées parce que parmi nous se trouve une femme d’un chef Antibalaka. C’est ainsi qu’ils m’ont encore pris dans leur véhicule pour me jeter sur un pont. Quand j’ai ouvert les yeux, c’était le pont Yakité », a-t-elle raconté.
Craignant pour sa santé, la jeune femme de 30 ans s’est rendue au centre de prise en charge de Médecins Sans Frontières (MSF) situé au sein du centre hospitalier universitaire de Bangui pour des soins.
Déjà au Commissariat du 3e arrondissement, la police confirme le kidnapping et assure que des recherches sont en cours pour retrouver les trois autres femmes encore détenues otages dans un lieu secret.
Les responsables du commissariat attestent que des plaintes fusent ces derniers jours sur des supposés cas d’enlèvement dans le 3e arrondissement de Bangui.