Le Service de lutte antimines des Nations unies (UNMAS), arrivé en Centrafrique en janvier 2014, a réalisé de nombreuses activités à Bangui. Le bilan de ces activités a été présenté jeudi 2 avril lors de la 10e édition de la journée internationale de la sensibilisation au problème des mines et de la lutte antimines à l’école Lakouanga dans le 2e arrondissement de Bangui. Le thème retenu pour la célébration : « Bien plus que des mines ».
Une séance de démonstration de destruction d’une grenade et des armes de guerre à la cisaille hydraulique a été faite devant les élèves de ladite école.
Depuis janvier, UNMAS-Bangui a inspecté et identifié 100 tonnes de munitions mal stockées. Il s’en est suivi une opération de dépollution. En coordination avec l’Union africaine et les forces françaises de l’opération Sangaris, ce service des Nations unies a détruit 7 tonnes de munitions. UNMAS-Bangui a dépollué 3 soutes à munitions. Il a sécurisé et catégorisé les armes et munitions collectées suite à la relocalisation d’ex-combattants. Le service a également détruit 790 armes grâces à la nouvelle technologie, la cisaille hydraulique. En action coordonnée, le Service de lutte antimines des Nations unies a pu récupérer des mines dans des lieux publics et camps de déplacés. Il a contrôlé avec HALO Trust, une structure connexe, 2129 armes et 80 grenades aux camps RDOT et M’Poko à Bangui. UNMAS-Bangui est en phase de construction d’un dépôt temporaire et armurerie permanente pour stocker les munitions identifiées dans la ville. 4000 écoliers ont aussi été sensibilisés sur les risques des engins explosifs.
« La priorité de la Mission des Nations unies en Centrafrique est de veiller sur la protection de la population face au danger des mines et engins de guerre », a déclaré le général Babacar Gaye, chef de la Minusca et Représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en Centrafrique, à l’occasion de la journée internationale de la sensibilisation au problème des mines et de la lutte antimines.
« A l’heure actuelle en Centrafrique, il n’y a pas de menace avérée de mines. Il n’a été fait aucun rapport qui confirme la présence de mines antipersonnelles ou de mines antichars, antivéhicules en Centrafrique, ce qui est une excellence chose pour la population centrafricaine », s’est félicité Richard Derieux, directeur de programme de UNMAS-Bangui.
« Mais suite au récent conflit, il y a eu une dispersion, une propagation de petites munitions et principalement de grenades. Ce sont principalement ces grenades qui affectent la vie des enfants, de la population, qui font l’objet de toute notre attention pour leur destruction et pour assurer la protection des civils », a-t-il expliqué.
Richard Derieux indique que « La campagne de sensibilisation s’adresse principalement aux enfants. Ce sont eux qui habituellement sont les premiers à être en contact avec ces engins de destrcution, ces engins explosifs qui présentent un danger ».
Le directeur de programme de UNMAS-Bangui ajoute que « Les écoles sont les cibles prioritaires en terme de sensibilisation pour que, justement, tous les enfants puissent accéder à ces séances de sensibilisation pour les aider quand ils vont être chez eux dans leurs quartiers, sur la route pour pouvoir identifier cette menace et pouvoir y répondre au mieux et surtout éviter les accidents ».
Depuis janvier 2014, le nombre limité d’équipes oblige à développer des activités au niveau de Bangui. La fondation suisse de déminage et des partenaires nationaux dont l’organisation non gouvernementale IRAD effectuent des sensibilisations surtout auprès des écoliers.
Des actions en direction des provinces de la Centrafrique sont en vue d’après le directeur de programme de UNMAS-Bangui. « Nous prévoyons, à partir des mois de juillet-août, le démarrage d’un projet de réduction des violences armées. Ce projet va couvrir toute la Centrafrique dans la mesure où les zones sont accessibles par rapport à la sécurité. Ce projet va concerner essentiellement à effectuer de la sensibilisation auprès de la population pour réduire ces violences armées et à faciliter également la remise volontaire d’armement et de munitions que la population locale détient dans les foyers. Nous allons commencer ce travail à partir du troisième trimestre 2015 », a-t-il signalé.
A l’occasion de cette journée internationale, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a rappelé l’importance que revêt le service mis en place par le Conseil de sécurité de l’ONU. « UNMAS est une ressource précieuse au sein des Nations unies. Ce service travaille avec professionnalisme, rapidité et efficacité. Ses actions sont motivées par les besoins humains. UNMAS est une composante essentielle pour acquérir la paix, la sécurité et la stabilisation mais aussi pour faciliter les missions de paix entreprises par l’ONU », a souligné Ban Ki-moon.
La situation sécuritaire en République Centrafricaine (RCA) s’était complètement dégradée en 2013 à la suite de la crise militaire et politique. Des quantités considérables d’armes, munitions obsolètes, restes d’explosifs de guerre et munitions et petits calibre ont circulé et circulent encore sur l’ensemble du territoire national. Des groupes armés, notamment Séléka et Antibalaka, se sont saisis des armes. La présence de munitions dans des infrastructures de stockage inappropriées à Bangui s’ajoute aux risques sécuritaires et humanitaires. Des conditions modérées de stockage, l’absence d’une législation efficace pour la gestion de munitions ainsi que l’instabilité sécuritaire régnante menacent la vie civile et les infrastructures locales.
Photo: Richard Derieux, directeur de programme de UNMAS-Bangui